De g à d : Delphine Curis, assistante sociale en entreprise (Alliance Sociale), Judith Lévy, avocate en droit du travail (Cabinet Barthélemy), Victoria Godard, DRH du Samsi, Emilie Devot, médecin du travail au Samsi, Christelle Nguyen, DRH d’Harmonie Mutuelle.
Les démarches de Qualité de vie au travail sont-elles des paris gagnant-gagnant pour l’entreprise et les salariés ? C’était le thème de la réunion du Mardi du Medef Haute-Garonne organisé le 15 janvier dernier par son Comité Ressources Social Formation au Belvédère à Toulouse qui a mobilisé une trentaine de chefs d’entreprise.
Tous les intervenants ont convergé sur les effets positifs en entreprise des actions sur la QVT dans les grandes comme dans les PME, les TPE. Si la QVT n’a pas de régime juridique précis dans le code du travail elle existe néanmoins à travers l’obligation de prévention des risques introduite par une directive européenne inscrite dans un ANI ou Accord national interprofessionnel de 2013. « La jurisprudence a précisé qu’il faut non seulement agir en cas de survenance d’un risque mais aussi avoir une politique de prévention » a précisé Judith Lévy, avocate en droit social chez Barthélémy. Une obligation de sécurité de résultat pèse sur les employeurs. Les entreprises de plus de 50 salariés sont tenues depuis la Loi Rebsamen de négocier un accord collectif sur la QVT, plus facile à mettre en œuvre depuis la loi travail de Macron.
Seconde région française pour le nombre d’arrêts de travail avec 17 jours d’absence/an/salarié, l’Occitanie devrait être très volontaire dans ce domaine. La réduction de l’absentéisme figure en bonne place dans les esprits même si elle est loin de résumer tous les aspects d’une politique de QVT. «Elle contribue à mettre de l’huile dans les rouages de l’entreprise » indiquait Delphine Curis, assistante sociale en entreprise. Elle intervient pour mieux concilier la vie professionnelle et personnelle des salariés, en agissant sur la santé au travail au plan physique mais aussi moral et mental en prévenant le risque psychosocial. Exemple, en détectant que les causes d’un micro-absentéisme répété d’une salariée provenait de ses contraintes non divulguées en tant qu’aidant familial, l’aménagement de ses horaires a permis de traiter le problème. Parmi ses interventions figure l’accompagnement du salarié, l’organisation de sa réintégration suite à un arrêt de travail.
Deux entreprises ont apporté leurs témoignages. Le Samsi, le service de santé au travail a déployé sur 2016-2018 son plan d’action QVT dans le prolongement de l’augmentation rapide des effectifs, 105 salariés, + 67% en trois ans, afin notamment de structurer l’entreprise. Un comité de pilotage et un comité d’évaluation ont été mis en place pour accompagner la démarche. Parmi les actions, la création d’un Codir, l’harmonisation des pratiques, la fixation des réunions à l’année…Chez Harmonie Mutuelle l’accord collectif sur la QVT signé en 2017 a été déployé dans le Sud-Ouest. L’axe nouveaux modes de travail a autorisé le télétravail. « Cela marche très bien avec un taux de satisfaction élevé tant chez les salariés que les managers. Les salariés sont plus productifs. Mais on n’ira pas au-delà de deux jours par semaine afin de garder la connexion de personnes en télétravail avec l’entreprise » a indiqué Christelle Nguyen, DRH d’Harmonie Mutuelle. Le travail nomade est devenu possible à la maison, dans un tiers lieu ou sur un site de la mutuelle. Le droit à la déconnexion a été créé. Sur l’axe employabilité, les salariés s’auto-positionnent à l’aide d’une application « My trajectoire » dédiée. Ils co-construisent le parcours professionnel avec leur supérieur. 3ème dimension du plan QVT, le Co-Lab Harmonie Mutuelle, les salariés autogèrent toute une série d’activités en autonomie (cours de yoga, formation santé, auberge espagnole, partage d’expériences….). Concilier bien-être au travail et performance économique n’est pas du tout incompatible. Didier Arjo, juriste au Medef31 a évoqué les effets des politiques de QVT sur la prévention du contentieux.