André Joly et Philippe Crespin sont passés par les « techies » régionales (Oktal, Noomeo, Agenium) avant de lancer Simsoft3D en 2013. Leur créneau : là où d’autres utilisent l’Intelligence Artificielle en formation pour transmettre des savoirs, eux ont décidé d’inverser l’outil. Il va servir à capter les savoir-faire des experts pour en assurer la transmission dans l’entreprise.
Conscients que la technologie est difficile à amadouer, ils visent des savoir-faire de premier niveau, fortement liés aux activités de production. « Rien que le mot d’Intelligence Artificielle fait peur, alors vous imaginez le calcul d’un retour sur investissement !» clame André Joly. Et leur credo a du bon : 100 000 € de chiffre d’affaires dès le premier exercice.
Leur console CONTACT est conçue comme une tablette qui capte les connaissances informelles (non écrites), qui améliorent ou parfois font tout simplement fonctionner une chaîne de production. Des méthodes existent depuis de nombreuses années, mais pas de produit industriel. Ils intègrent un troisième associé, Leny Turmel, spécialiste de l’Intelligence Artificielle, et lancent leur produit en suivant la méthode de Lean Star-up, incrémentale. Ils mettent au point, testent en conditions réelles, améliorent, et ainsi de suite.
CONTACT intéresse des géants du BTP, pour le pilotage sur le terrain de certaines de leurs machines vieilles de 25 ans, mais aussi les grands industriels de l’aéronautique, de l’automobile, de l’énergie. Et le calcul de retour sur investissement fonctionne : « un grand de l’automobile estime pouvoir raccourcir de 25% son délai de correction de problème sur chaîne de production » lâche André Joly, « cela peut paraître anecdotique de gagner 3 minutes, mais plusieurs milliers de fois par an cela fait un ROI ».
CONTACT est candidat à « Instrument PME » du programme H2020 de la Commission Européenne. Lancé en 2014, ce nouvel outil finance les entreprises individuellement sans besoin de partenaire à travers l’Europe, sur la base d’un business plan produit. Le bilan du premier appel 2014 est tombé : 4 fois plus de candidats en Espagne ou en Italie qu’en France.
Ils trouvent dans Aerospace Valley le terreau le plus fertile qui soit « un réseau formidable, une mine de savoirs, de création, à la pointe du sujet Usine du Futur » conclut Philippe Crespin. Leur futur justement : conduire 4 à 5 Proof of Concept en 2015 avec les industriels pour « certifier » le retour sur investissement, avant d’entamer la phase de développement mondial. Car ils ne se connaissent pas d’équivalent ailleurs.
Rémi Alquier
Diffusé le 30 octobre 2014
Rémi Alquier
Diffusé le 30 octobre 2014