Coprésidée par deux DRH, Jérôme Noyer (Liebherr Aerospace) et Patricia Jean (Telespazio), la Commission Sociale de l’UIMM a organisé une conférence-débat sur le thème : « L’entreprise libérée…effet de mode ou nécessité ? ». Quelque 70 participants ont assisté à la présentation d’Alexandre Gérard, le dirigeant de Chrono Flex qui dans son entreprise a battu toutes les cartes pour inventer un nouveau terrain de jeu. Après avoir transformé en réalité ce qui paraissait utopique, il n’hésite pas à partage son expérience, livrant des conseils qui évitent des écueils et font gagner du temps.
Son exemple peut inspirer d’autres entrepreneurs mais l’entreprise libérée relève plus d’une philosophie que d’un modèle à décalquer.
Pour insuffler un nouvel élan, faire voler en éclat des schémas et des habitudes, Alexandre Gérard est parti des besoins et souhaits de l’humain au travail. Le sentiment d’égalité est très prégnant et chacun veut se réaliser pendant son parcours de vie dans l’entreprise. L’auto-direction est aussi une volonté forte : « on me fait confiance pour que je prenne des décisions utiles pour le collectif ». La formation est un levier pour accompagner le changement.
Il n’y a pas de recette précise pour composer une entreprise libérée. Chaque entité doit trouver les ingrédients et les bons dosages. En s’engageant dans cette voie, les salariés doivent construire ensemble un projet collectif et une vision à partir de valeurs énoncées. La confiance ira de pair avec la subsidiarité, chacun étant capable d’aligner des ressources pour faire face. Le principe du volontariat est un préalable, chaque salarié s’impliquant dans le groupe de travail désiré.
Enjeu de pouvoir dans un système conventionnel, l’information est partagée. Une logique d’autocontrôle doit s’instaurer pour réguler le tout. « Et surtout revendiquer une culture de l’erreur qui n’est pas dans les us français ! » complète Alexandre Gérard.
Les équipes au sein de l’entreprise sont à la manœuvre. Elles décident des recrutements des collaborateurs accueillis en leur sein, arrêtent un budget et des objectifs, cooptent chacune leur « team leader » pour une durée de 3 ans. Les augmentations de salaires sont envisagées par le collectif. Les services support assistent ces unités devenues plus performantes et sont à leur service. De même pour les managers qui doivent oublier les anciens repères comme la règle de la performance individuelle et changer de mentalité. Quant au dirigeant, il doit raisonner à contre-pied : « ce que je vais laisser faire au lieu de ce que je vais faire ! ». Dans les erreurs à ne pas commettre, ne pas tomber dans la frénésie de l’annonce, le piège des promesses intenables mais avancer pas à pas.
Le passage en 2010 à l’entreprise libérée de Chrono Flex lui a permis de survivre à la crise de 2009 (chute de 34% du CA), de renouer avec la croissance et de vivre une aventure collective apportant du plaisir et de l’intérêt au travail. Sans parler de contamination à grande échelle, le phénomène en France gagne du terrain avec Michelin, Airbus à Saint-Nazaire, Décathlon, Norauto, Kiabi, la Maif…et même des administrations qui se lancent. La France est le pays le plus engagé au monde, les entreprises font le pari de libérer l’organisation pour en faire un levier de performance.
Emma Bao
Diffusé le 1er décembre 2016
A propos de Chrono Flex
-Chrono Flex a été créée en 1995
-Intégré au groupe Inov-on, Chrono Flex est spécialisée dans dépannage (24h/24 et 7j/7) de flexibles hydrauliques sur site. Pendant 15 ans, la PME a fonctionné avec une organisation classique avant de devenir une entreprise libérée
-effectifs : 350 personnes