Les plantes constituent une source majeure d’inspiration chez Pierre Fabre. Le groupe précise que plus de 40% de son chiffre d’affaires provient de principes actifs issus du végétal. Certaines marques comme A-Derma, Klorane dépendent exclusivement de principes actifs tirés des plantes. En amont, le pôle Actifs Végétaux assure à la fois la R & D et la gestion des approvisionnements.
Pharmacien passionné de botanique, Pierre Fabre a démarré son activité pharmaceutique avec ce modèle il y a plus de cinquante ans. Aujourd’hui la quasi-totalité des grands groupes pharmaceutiques ont stoppé leur R & D sur les plantes supplantés notamment par les biotechnologies. Chez Pierre Fabre, le fil n’est pas coupé, « Nous pensons qu’il y a toujours des éléments originaux à extraire des plantes »relate Yves Barbin, directeur du Pôle Actifs Végétaux au sein de l’IRPF, l’Institut de recherche Pierre Fabre. Les experts du pôle végétal, une trentaine de chercheurs sur le site du Cancéropolede l’Oncopole, travaillent pour l’ensemble du groupe, sur les axes de R & D clés, la cancérologie, le système nerveux central, la dermatologie et la cosmétologie, à la fois sur des axes propres ou des sujets cibles. Les stratégies de recherche exploitent des approches multiples, comme le criblage à haut débit et en parallèle des études plus ciblées, en utilisant par exemple la modélisation moléculaire… Les moyens du groupe et l’extérieur sont sollicités Le groupe s’appuie également sur des expertises transversales (en pharmacologie, études cliniques, les aspects réglementaires, la formulation…). Pour mener ces études, les Laboratoires Pierre Fabre vont puiser dans leur banque d’échantillon du groupe qui comprend 1 500 016 500 échantillons de plantes équivalent à des millions de molécules. Elle sert à l’identification des principes actifs pour améliorer les traitements. Pierre Fabre fait partie des rares entreprises doté d’un Conservatoire botanique. Implanté à Soual avec ses 1200 espèces végétales dont 40% sont protégées, il est le premier organisme privé à être agréé CITES, la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvage menacées d’extinction. Parmi les récentes découvertes, celle de la capacité antimicrobienne de la myrte sur le biofilm. Cette propriété est exploitée par la marque Ducray qui l’a intégrée dans son produit contre l’acné, le Kéracnyl. Le processus entre le lancement des 1ers travaux et la mise sur le marché d’un produit dermo-cosmétique s’étale sur 3 à 5 ans, variant notamment selon l’ampleur de l’étude clinique. « Au final nous avons des produits actifs de qualité et sûrs ».
Tous les projets n'aboutissent pas. La matière première arrive de tous les continents. Certaines sont stratégiques comme la pervenche tropicale utilisée pour la fabrication des anticancéreux, Navelbine et le Javlor. Plusieurs centaines de tonnes par an de cette plante livrée séchée sont fournies par deux sources en Inde et à Madagascar. Dans ce pays, Cette dernière la filiale de Pierre Fabre emploie sur place une cinquantaine de personnes dans le sud de l'île. "Aucun incident sur les volumes ou la qualité ne s'est produit à ce jour. Nous surveillons tous les événements climatiques, comme les ouragans, qui pourraient perturber la supply chain".
Le groupe produit une partie de ses plantes dans le Tarn avec sa filiale Pierre Fabre Agronomie qui a le statut d’exploitant agricole. Elle fait travailler des prestataires agricoles sur 200 ha de terres agricoles, 100% bio. Sont notamment produits l’Avoine Rhealba® à la base de tous les produits de la marque A-dDerma, du bleuet, du Calendula, de la capucine, de l’hélichryse…bien adaptés à la région de production autour de Puylaurens, St-Sulpice ou Soual. Dans le cadre de la rotation triennale des cultures, des céréales et des légumineuses sont également cultivées, puis vendues à la coopérative Agri Bio Union. Le pôle Actifs végétaux dispose également d’une antenne à Pékin en Chine depuis 14 ans, un pays où les plantes jouent toujours un rôle fondamental dans la pharmacopée. C’est à la fois un service de sourcing de matières premières et de veille scientifique via de nombreux partenaires, dans les universités et des structures privées. La Chine investit lourdement dans ce domaine par exemple en injectant une trentaine de millions d’euros dans la création d’une zone de conservation du patrimoine génétique au jardin botanique de Canton.
Article diffusé le 01/12/2015 par JL Bénédini