Filiale de Météo France, Météo France International, (MFI) réalise à peine 2% de son activité en France et moins de 5% en Europe. Elle va chercher ses grands clients très loin de sa base toulousaine en proposant aux décideurs des offres globales clé en main pour moderniser l’ensemble de leur système météo civil ou militaire, du capteur jusqu’aux services d’informations vers les usagers, incluant tous les systèmes d’informations. Parmi les derniers grands contrats signés, celui avec l’Indonésie en 2011 représentant près d’une vingtaine de millions d’euros.
Dès sa création en 2002, MFI s’est positionnée en tant qu’architecte, intégrateur ensemblier de systèmes météo globaux en s’adressant aux Etats et leurs services météorologiques. « Nous sommes les seuls sur la planète à développer cette stratégie » relate Patrick Bénichou, le pdg avec un succès certain. MFI emploie une cinquantaine de salariés pour un chiffre d’affaires de près de 10 M€. Le carnet de commande couvre l’activité jusqu’en 2015. 80% du chiffre d’affaires provient des grands contrats pour modernisation complète du système météo, la réalisation de centres de prévision, d’alertes cyclones, la mise en œuvre de services vers les usagers avec la solution METEOFACTORY complétés par des conseils, la formation etc…. L’idée est d’apporter une vision d’ensemble aux décideurs. Le contrat avec l’Inde, le projet Varsamana, a été l’une des premières références mondiales signée suite à un accord intergouvernemental portant sur la livraison du système d’information météorologique du pays. Le contrat s’est achevé en 2011. « Les Indiens ont fait le tour de la planète pour finalement nous choisir ». MFI a déjà travaillé dans une centaine de pays sur tous les continents. Les relations s’entretiennent à tous les niveaux de la hiérarchie, du ministre jusqu’à l’administrateur de base. Il faut aussi savoir susciter le besoin, convaincre les autorités de tutelle de l’utilité de l’information météo, entretenir les bons relais au sein des acteurs de la diplomatie française. Avec le Cambodge les affaires ont été facilitée par un professeur de l’INP de Toulouse d’origine cambodgienne ayant fui le régime des Kmers rouges. Le Ministère des Ressources en Eau et de la Météorologie du Cambodge a signé un contrat portant sur la fourniture d’un radar doppler bande S et d’un centre de prévision et d’alerte météorologique. MFI est membre du Medef International.
En Asie, au Moyen Orient, dans les pays de la Fédération de la Russie, en Afrique, les besoins sont avérés. Plusieurs facteurs expliquent la relative confiance des dirigeants de MFI. La valeur économique de la météo est de plus en plus comprise par les Etats pour produire des alertes, satisfaire à l’évolution des usages. « 25 à 30% du Pib mondial est sensible à l’aléa météo, le retour sur investissement va de 7 à 15 par exemple avec les gains de productivité agricole et les pertes évitées » relate P. Bénichou. Autre facteur favorable, le changement climatique qui a poussé l’ONU en 2012 à la généralisation des services climatiques en liaison avec les grandes organisations comme la FAO, l’OMS… « Nous sommes plutôt confiant pour les trois à quatre prochaines années ».
Une organisation bâtie pour la croissance
Créé il y a 11 ans, MFI est une filiale de Météo France et d’Egisavia (ex Sofreavia), émanation de la Caisse des Dépôts, organisée en trois directions. La Direction commerciale emploie les vendeurs et les ingénieurs chargés de définir les offres.
Elle mobilise 8% du CA. « Chez nous les clients sont très longs à convaincre et sont loin ». La direction technique maintient l’ensemble des gammes de produit. « 12% du CA est affecté à la R & D, c’est le prix à payer pour garder notre positionnement stratégique et le leadership en innovation ». La direction des projets porte les grands projets sur plusieurs années.
Le système météo de l’Indonésie
De Sumatra jusqu’aux iles de la Papouasie, le système météo conçu par MFI couvre le complexe archipel indonésien dans son ensemble. Le contrat global a été signé en 2012 avec les autorités indonésiennes mais les premières approches remontent à dix ans ! Il comprend à la fois les capteurs avec les outils d’observations comme les stations automatiques, les antennes de réception satellites, connectées répartis sur l’archipel, un site central à Jakarta et cinq centres régionaux, des services pour les utilisateurs (médias, l’aviation, la pêche, l’exploitation pétrolière et gaz, le tourisme etc….). Les machines et serveurs sont intégrés et testés chez MFI à Toulouse avant leur envoi sur site. Les systèmes seront recettés par MFI avec le concours de son partenaire local. Dans les salles de cours de l’entreprise 180 indonésiens sont en formation utilisant les données et l’environnement de l’archipel.