Un bon produit au bon prix se vendra toujours ! : c’est un des enseignements transmis par leur père Michel Boudou, fondateur de cette entreprise de mobilier urbain qui fait tout fabriquer sur place, dans un rayon de 100 km autour de Toulouse.
Area a fêté le quart de siècle en toute discrétion. Cette entreprise conceptrice et fabricante de mobilier urbain a réalisé 10 M€ de CA en 2012, un résultat record depuis sa création.
A la direction de la société avec son frère Gilles, Laure Boudou évoque les spécificités du métier et les axes de croissance de cette PME fondée par son père Michel, disparu prématurément. « Il nous a transmis les fondamentaux, notamment le bon sens» commente cette architecte de formation en citant une de ses phrases : « un bon produit à un bon prix se vendra toujours ! »
Entreprises Midi-Pyrénées : L’essentiel de votre activité dépend de la commande publique. Etes-vous impactés par le recul des investissements des collectivités locales ?
Laure Boudou : Pas vraiment car l’aménagement de l’espace public ne représente que 5% de leur budget. De plus, notre développement est lié à une croissance urbaine continue.
EMP : Comment expliquez-vous les bons résultats sur l’exercice écoulé ?
L. B. : En fait, nous sommes rythmés par le calendrier des élections municipales. Sur un cycle de 6 ans, les 2 premières années sont calmes car réservées à l’élaboration des projets par les architectes aménageurs. Les 4 autres sont consacrées à leur concrétisation, avec une montée en cadence des commandes sachant que les élus aiment terminer les gros dossiers un an avant la prochaine échéance électorale. Nous avons donc bénéficié d’une effervescence maximale en 2012 avec plusieurs chantiers majeurs dont le tramway d’Orléans et celui des Maréchaux à Paris. L’exercice en cours sera alimenté par davantage de petits projets en attendant le vote de 2014.
EMP: Comment évoluent vos produits ?
L. B. : Nous travaillons en permanence sur le design mais nous dévoilons nos collections dans le catalogue lancé sur la phase post-électorale et pour la durée d’une mandature municipale.
Le creux d’activité est mis à profit pour peaufiner les outils de communication et marketing, éditer les supports, fabriquer et tester des prototypes…Nous avons choisi de privilégier l’usager et donc le confort d’assise. Le mobilier public est au service des citoyens, il doit être aussi accueillant que celui d’un intérieur.
EMP : En quoi votre offre est-elle différenciatrice ?
L. B. : Nous travaillons sur les usages et les pratiques de la ville. Pour les espaces verts, propices aux longues poses et autres lieux de flânerie, nous avons par exemple conçu des salons d’extérieur avec chaises longues, fauteuils…Si le concept séduit d’entrée les prescripteurs directs que sont les aménageurs, les paysagistes et les architectes, il faut continuer à convaincre les décideurs élus de son bien-fondé. Tout comme il faut les sensibiliser à l’importance de l’ergonomie dans le choix d’un mobilier urbain. L’innovation est omniprésente dans nos réalisations et en tant qu’architecte, c’est un bonheur pour moi de donner rapidement corps à une esquisse !
La qualité est également un autre de nos atouts. Notre production est intégrée, tout est usiné sur place, dans un rayon de 100 km autour de Toulouse.
EMP : Votre engagement en matière de développement durable ?
L. B : En interne, nous recyclons tous nos rejets. Nous veillons aussi à la dépense énergétique. Vis-à-vis de nos clients, nous menons campagne pour l’adoption du bois de pays type frêne…en remplacement du bois exotique. Le mobilier urbain étant changé tous les 10 à 15 ans, il n’est pas judicieux de choisir des essences résistantes sur 30 ans !
EMP : L’actualité en 2013 ?
L. B. Nous allons inaugurer ce printemps, sur le site de Flourens un nouveau showroom de 400 m2. Un lieu qu’affectionnent les clients toujours intéressés par la découverte de la gamme mais aussi de nos sites de fabrication. Si la commande publique constitue l’essentiel du portefeuille, des demandes de mobilier urbain commencent à affluer de la part des EHPAD ou des centres commerciaux.
EMP : Pour conclure, quelques références toulousaines ?
L. B. : Nous avons équipé récemment les abords de l’ancienne usine Job. Un projet sur Roques est en cours. Nous attendons beaucoup de l’architecte urbaniste Joan Busquets qui s’attelle à l’aménagement de Toulouse-Centre.
Emma BAO
Diffusé le 3-04-2013
A retenir
-Effectifs : une centaine de personnes
-350 produits au catalogue d’Area
- 3 sites de production : Muret et Pamiers, des établissements très polyvalents avec tous les métiers représentés. Sur le site de Flourens dédié au mobilier plus basique (mobilier de rue, bornes) a été ouvert récemment un atelier de soudure.
-Différents métiers intégrés : menuiserie, peinture, soudure, polissage « compétence pour laquelle il n’y a plus de formation » fait remarquer Laure Boudou.
-Avec près de 36 700 communes (ce qui est une exception européenne), la France représente un marché important pour le mobilier urbain.
Encadré
Un tandem complémentaire à la direction.
Ils ont chacun leur domaine de prédilection en cohérence avec leur parcours de formation et mais aussi avec l’organisation de l’entreprise.
Diplômé d’une école de commerce, Gilles Boudou, 38 ans, a intégré l’entreprise en 2004. Il est en charge de la communication, du marketing, des ventes et de l’administration générale de l’entreprise.
Architecte, Laure Boudou, 36 ans, a rejoint Area en 2007. Elle a sous sa responsabilité la partie création et BE ainsi que la production.
Si chacun a son propre champ de compétences, les échanges sont permanents sur des sujets de partage, en premier lieu le produit et sa promotion.
En terme d’engagement, la société AREA est membre du PROMU, le syndicat des professionnels du mobilier urbain. Gilles BOUDOU anime la commission de normalisation. Cette organisation professionnelle que son père a contribué à mettre en place, fédère 25 acteurs de la filière.