Les maitres d’œuvre ainsi que la délégation française jugeront en juin si le projet ELISE doit être la rampe de lancement d’une filière nanosatellites 100% française. Nexeya deviendrait alors à terme un industriel européen majeur des smallsats de 10 à 40 kilos !
Le développement de la plateforme entre dans une phase cruciale (PDR), toujours avec l’objectif de mettre en orbite une plateforme fin 2018. Autour de ce projet collaboratif qui fédère un noyau dur de PME, plusieurs nouveaux programmes de R&D ont été lancés pour finaliser un concept de nanosat innovant. « Fabriqués à coûts compétitifs face à la concurrence, nos nanosats se démarquent par le nombre et la variété de leurs interfaces génériques » complète Laurent Javanaud, en charge des smallsats au sein de la Business Line Space Systems de Nexeya. Les clients auront à leur disposition un large choix d’options de communication, d’alimentation énergétique…
Pour mettre en avant les applications, une mission de démonstration Argos est à l’étude avec le projet IPASS. Développé pour CLS par Syntony et Airbus D&S, cette première charge utile à vocation de démonstration de service, sera embarquée par le prototype ELISE mis en orbite dans deux ans.
Autre pierre à l’édifice, le projet NANOVRAD piloté par le consortium ELISE et impliquant la société toulousaine TRAD. Finançable par la Région dans le cadre d’Easynov, ce programme qui démarrerait début 2017, vise à qualifier les équipements ELISE face aux radiations. Des tests indispensables pour prouver la résistance des composants standards à un environnement spatial.
« Plusieurs industriels sont donc venus grossir les rangs de la filière nanosatellites tricolore et la liste des volontaires continue à s’allonger» constate Laurent Javanaud. L’effervescence est bien réelle. Le Cnes avec sa nouvelle Direction des innovations, des applications et des sciences fait des smallsats une de ses priorités, œuvrant dès à présent à la constitution d’un Club nanosatellites français rassemblant des académiques, des laboratoires, des clients, des industriels dont Nexeya en première ligne.
C’est sur le terrain commercial que se situent à présent les véritables enjeux pour faire décoller la filière. Et la commande publique à savoir le Cnes, la DGA, l’ESA, les agences de coopération internationale… doivent jouer un rôle déterminant pour amorcer la pompe. Nexeya compte sur ces donneurs d’ordres pour engranger les premiers marchés liés à des applications à vocation commerciale ou de démonstration. L’industriel toulousain est en mesure de s’engager rapidement à déployer deux premières constellations sur une orbite de 650 km, répondant aux besoins d’Argos ou du Ministère de la Défense.
Une fois engrangées ces premières références, il sera plus facile de prospecter les clients privés et internationaux en leur proposant des constellations pour des missions liées à la surveillance, la météo, le M to M (basé sur les technologies LoRa, Sigfox…). « Nexeya ambitionne de devenir le fournisseur français privilégié d’Airbus D&S et de Thalès Alenia Space pour les plateformes satellitaires de petite taille, en orbite basse » confie Laurent Javanaud. Ces deux majors pourront les utiliser pour tester des concepts opérationnels, développer des démonstrations…mais aussi comme une offre de coopération internationale intégrée dans les contrats commerciaux de grande envergure.
Considérant les nanosatellites comme un relais de croissance sur son activité « systèmes spatiaux », le groupe Nexeya arrive à un tournant décisif avec ELISE. La première plateforme, dérivée d’ELISE, sera opérationnelle d’ici deux ans mais son avenir commercial se décide maintenant, avec des intentions de commandes émanant des acteurs publics qui ont la responsabilité de donner le top départ de cette filière d’excellence made in France.
Emma Bao
Diffusé le 2 juin 2016
Consolidation de la filière régionale nanosats
Dès 2011, Nexeya s’est investi dans les smallsats avec le projet de cubesat NADEGE soutenu par Aerosat (appel à projet de la Région). En 2014, a été lancé ELISE financé par le FUI.
Avec Nexeya comme chef de file, ce projet à 3 ans (2014 à 2017) fédère les sociétés Comat, Erems, M3 Systems, Steel Electronique, TDM et IMS.
Nexeya a injecté dans la filière 2 M€ dont 1,5 consacrés à la plateforme ELISE qui bénéficie d’une enveloppe globale de 5,5 M€. A ce montant, s’ajoute le projet NANOVRAD (1M€) ainsi que le projet de démonstration Argos.
De nouveaux lanceurs en prévision
Dans deux ans, lorsque sera mis en orbite le premier nanosatellite issu d’ELISE, les coûts de lancement devraient se réduire avec l’arrivée d’acteurs positionnés sur ce segment. Parmi les véhicules spatiaux attendus, on peut citer Electron (réalisé par la société Rocket Lab) et Super Strypi (développé par Sandia National Laboratories, l’Université d’Hawaï et Aerojet).
Les constellations en préparation
Avec son concept innovant de nanosatellites, Nexeya arrive sur un marché balbutiant, dont le modèle économique n’est pas totalement figé. Deux compétiteurs américains sont déjà sur la ligne de départ. Planet Labs aura lancé fin 2017 quelque 200 nanosatellites d’observation de la terre, capables de fournir une image/jour.
SPIRE a mis en orbite les 4 premiers smallsats faisant partie de sa future constellation destinée à réaliser des prévisions météo et à optimiser ainsi les routes de déplacements des navires.
A propos de Nexeya
Ce groupe qui emploie 1000 salariés a réalisé un CA de 130 M€. Nexeya intervient dans plusieurs secteurs : défense, espace, aéronautique, automobile, énergie. L’entreprise est organisée en 5 Business Lines produits et applications.