Le cabinet LHH, filiale du groupe Adecco, est l'un des acteurs majeurs de la revitalisation des territoires lorsque surgit un plan social. Voici comment travaille ce cabinet à Toulouse et en Occitanie.
Jean-Michel Morin et Lucas Guillemin, qui travaillent pour le cabinet spécialiste en revitalisation LHH en Occitanie. (Photo : Anthony Assémat - Entreprises Occitanie)
La Haute-Garonne est un département qui a connu de nombreux plans sociaux marquants ces 15 dernières années entre Molex à Villemur-sur-Tarn, Freescale à Toulouse, ou encore la polémique sur la récente annonce de la délocalisation de "l'usine du futur" de Latécoère. Mais l'actualité qui a marqué les consciences, et un vrai tournant politique, c'est l'arrêt des hauts-fourneaux de Florange (Moselle) d'ArcelorMittal en avril 2013. En mars 2014, avait ainsi été promulguée la loi dite Florange, qui oblige les grandes entreprises (de plus de 1000 salariés) qui procèdent à un plan de licenciement à informer les salariés et à retrouver un repreneur au préalable.
Le tournant de la loi Florange
En France, le cabinet LHH, filiale du groupe Adecco, qui emploie 750 personnes, est l'un des interlocuteurs des entreprises et un spécialiste de la revitalisation des territoires après un plan social. Chez LHH, une branche spécifique, appelée MIT (Mutations industrielles et territoriales) emploie une trentaine de personnes en France dans ce travail de recherche de repreneurs et de lien entre les entreprises et les pouvoirs publics. "Pendant des décennies, les entreprises ont reçu des aides publiques pour se développer et rester. Dès lors, les entreprises qui partent, cela crée un malaise", explique Jean-Michel Morin, qui travaille sur ces questions de revitalisation pour LHH à Toulouse et dans la région. "En Haute-Garonne, nous travaillons pour une dizaine de clients, et une quinzaine en Occitanie. Nos clients actuels sont principalement des entreprises qui subissent l'impact du Covid", poursuit-il.
La revitalisation, une "contrainte" ?
Comment se passent les contacts avec les entreprises suite à l'annonce d'un plan social ? Jean-Michel Morin détaille :
"Lorsqu'une entreprise est en restructuration, elle doit contribuer à redynamiser le territoire depuis une loi de 2002. La loi Florange d'Arnaud Montebourg impose une recherche de repreneur sur le site. L'objectif est de redonner un engagement à des grands groupes qui essaient de se restructurer. Après l'homologation du PSE, la DEETS (Direction de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités, ndlr) envoie un courrier à l'entreprise, ce qui ouvre une première phase de négociations qui dure d'un à trois mois. La revitalisation est vécue comme une contrainte par les entreprises. Mais un changement d'attitude s'opère durant la phase de négociation".
Après la signature d'une convention avec l'Etat, "l'entreprise a l'obligation de recréer autant d'emplois qui ont été détruits, avec la possibilité de prendre en compte les emplois indirects. Et la contribution financière de l'entreprise est calculée comme ceci : le montant de l'assiette multiplié par le coefficient entre 2 et 4 fois le Smic", poursuit Jean-Michel Morin.
Des aides financières pour chaque emploi recréé
Dans les discussions, le cabinet LHH se situe sur le chapitre des créations d'emplois, et non du reclassement des salariés, qui est inscrit dans le PSE. Cette convention-cadre comprend plusieurs axes pour chaque dossier (travail sur le potentiel des PME, avec les structures locales, sur l'accompagnement de projets structurants) afin de recréer de l'emploi. Une enveloppe financière est allouée pour chaque emploi recréé, et le montant est débloqué au moment où cet emploi est effectivement créé. Un soutien privé à l'investissement productif complémentaire des aides publiques. "Dernièrement, dans l'Hérault, nous avons pu donner un coup de pouce à la mise en place de micro-crèches. Ces 3000 euros ont constitué de la trésorerie pour le démarrage. A Tarbes, dans les Hautes-Pyrénées, dans une convention de revitalisation, nous avons co-financé une partie de l'investissement sur les métiers de la chaudronnerie pour l'école de production. Cela symbolise notre rôle : donner un coup de pouce et accélérer les embauches", indique le consultant toulousain de LHH.
Depuis 20 ans qu'il travaille dans ce secteur de la revitalisation, Jean-Michel Morin précise ne pas avoir "subi de pressions fortes" et que son travail est aussi fait "pour rassurer les élus". Et quand une entreprise de moins de 1000 salariés licencie, et ne tombe donc pas sous le coup de la fameuse loi Florange ? "C'est à la discrétion de l'entreprise", explique Jean-Michel Morin, qui conclut : "Faire appel à un cabinet, c'est être garant que l'argent de cette revitalisation sera utilisé à bon escient".