Olivier Gelly, fondateur de Payote
Avec sa marque Payote, le perpignanais Olivier Gelly a fait le pari de dépoussiérer et de moderniser un objet incontournable du sud de la France : les espadrilles. Retour sur une success-story axée sur le made in France.
« Au final si j’étais organisé, tout ça ne serait peut-être jamais arrivé ! » s’amuse Olivier Gelly, fondateur de Payote. C’est en 2016 qu’en partant travailler dans un magasin de prêt-à-porter il commet l’erreur aboutissant à la création de son entreprise : ses espadrilles sont dépareillées. Le lendemain, après quelques customisations pour réussir à différencier ses paires, sa création fait fureur et ses amis commencent à lui passer commande.
Le début d’un succès
Après des dizaines de paires pour ses proches, le natif de Saint-Paul de Fenouillet (66) voit plus grand et va chercher sa matière première du côté de Mauléon, au Pays Basque, dans l’atelier d’espadrilles Megam : « Je n’avais pas d’argent de côté, donc j’ai vendu ma voiture pour acheter mon premier stock, que j’ai vendu sur un stand dans le centre commercial où je travaillais ». L’idée plaît et se répand à la vitesse grand V dans les réseaux sociaux. Oliver Gelly crée Payote en avril 2016. Il vend ses premiers produits dans un centre commercial jusqu’à ce que le groupe Leclerc rachète tout son stock.
Une levée de fonds et un sapin géant
Après une campagne de crowdfunding réussie pendant l’été où il amasse 9 500 € pour son concept, le site internet de l’entreprise perpignanaise voit le jour. Même s’il vend plus de 4 000 paires, l’entrepreneur reste dans le doute : comment pérenniser la demande sur un produit aussi estival que le sien ? « L’hiver arrivait, et je cherchais comment y intégrer l’espadrille. J’ai donc réalisé le plus grand sapin du monde en espadrilles : plus de 1 000 paires ». Après dix jours de vie, son arbre est entièrement écoulé : « C’est là que j’ai compris que je vendais plus qu’un simple produit, les clients achetaient du sens, un concept, mon histoire. »
« J’ai le cerveau qui fuse d’idées, bonnes ou moins bonnes »
Malgré un prêt à la banque refusé, le catalan veut continuer à « dépoussiérer les espadrilles ». Il lance donc en 2018, en collaboration avec le créateur de parfum montpellierain Arthur Dupuy, la « première espadrille qui sent bon » grâce à des micro-capsules anti-fongiques et anti-bactériennes. L’année suivante, en 2019, son espadrille en toile recyclée conçue avec l’entreprise espagnole Seaqual lui permet de figurer parmi les 100 entreprises les plus engagées de France, et est même invitée à exposer à l’Elysée. La même année, toujours dans l’objectif de vendre son produit en hiver, il lance l’espadrille fourrée qui récoltera le même succès que ses éditions estivales. En plein confinement en 2020, son équipe confectionne gratuitement plus de 50 000 masques à destination du personnel soignant du département.
Des boutiques physiques et des collaborations
En décembre 2020, Olivier Gelly ouvre une boutique physique à Perpignan : « c’était nécessaire parce-que beaucoup de clients ne sont pas fans d’internet, et c’est du textile donc il faut essayer ». fait aujourd’hui face à un « problème » de taille : satisfaire la demande. En 2019, ce sont 1,5M de commandes qui ont été passées, pour une production pour l’instant limitée à 60 000 paires sur une année. Avec 150 000 paires d’espadrilles vendues depuis le début de son aventure, Olivier Gelly a réalisé un chiffre d’affaires de plus de 1,2 M€ en 2020, avec un effectif de 11 personnes. Pour l’année à venir, 4 personnes seront recrutées pour les besoins du site, et une dizaine d’autres seront embauchées dans l’atelier de Perpignan qu’il démarre derrière sa boutique, en complément de l’usine de Mauléon. Les projets de Payote pour 2021 sont une ouverture à Paris, des collaborations avec le Tour de France et le Musée du Louvre, ainsi qu’une nouvelle espadrille qui portera des écritures en braille.
Thomas Alidières