Perpignan. "Le monde a changé" : ce chef d'entreprise est passé à la semaine de 4 jours

A Perpignan, la société de communication Hybride Conseil est l'une des premières, dans les Pyrénées-Orientales, à se lancer dans le système de la semaine de 4 jours pour ses salariés. Son dirigeant témoigne.

L'équipe d'Hybride Conseil à Perpignan, société qui a mis en place la semaine de 4 jours. (Photo : Hybride Conseil)

L'équipe d'Hybride Conseil à Perpignan, société qui a mis en place la semaine de 4 jours. (Photo : Hybride Conseil)

Après la crise sanitaire, l'organisation des entreprises a été révolutionnée. Mise en place du télétravail, aspiration différente des salariés, mise en place des 32h... Il est un système qui fait de plus en plus d'adeptes et qui commence à avoir des résultats dans les entreprises qui ont décidé de se lancer : la semaine de 4 jours. Début février 2023, dans nos colonnes, le dirigeant d'Alu Sud, à Toulouse, vantait les conséquences bénéfiques sur le recrutement et sur le management. 

"En un mois, j’ai eu plus d’embauches que je n’en ai jamais eu, et on me l’a dit lors des entretiens : c’est clairement la semaine de quatre jours qui a fait pencher la balance. Et je parle bien de CDI, pas d’intérim. Et pour mes collaborateurs déjà présents dans l’entreprise, chacun a l’air très satisfait".

Nicolas Garrido dirige Hybride Conseil. (Photo : Hybride Conseil)"Le monde a changé, on doit innover"

La semaine de 4 jours s'est désormais exportée dans les Pyrénées-Orientales. A Perpignan, Nicolas Garrido dirige la société de communication et marketing Hybride Conseil, qui emploie 16 personnes. Créée en 2006, la société avait notamment racheté, en 2019, Square Partners. Une croissance et un bel élan qui avaient ensuite été stoppés par le Covid et les différents confinements. Après la crise sanitaire, Nicolas Garrido a fait un constat lucide. "Il y avait beaucoup d'attentes sur le bien-être en entreprise, le rapport au travail avait changé. Le management participatif a pris de l'ampleur. Bref, le monde a changé et on doit innover", explique-t-il.

Comment fonctionne sa semaine de 4 jours

Pas fan du télétravail - "il isole les gens et fait des dégâts d'un point de vue social" - il a décidé de franchir le Rubicon de la semaine de 4 jours pour "amener de la régénération dans les semaines". Comment ça fonctionne ?

"Les salariés travaillent quatre jours sur cinq, les bureaux sont ouverts entre 9h et 12h puis entre 14h et 17h30. Le format est très flexible puisque les salariés peuvent débuter entre 7h et 9h, ou partir après 17h30 ou bénéficier d'un temps de pause flexible", développe Nicolas Garrido.

Le vendredi, une permanence technique est toutefois assurée, un jour où "le téléphone ne sonne pas beaucoup", explique Nicolas Garrido.

"La productivité n'a pas diminué"

Lancée le 14 février 2023, l'expérimentation est déjà une réussite. Mais en tant que chef d'entreprise, ce système a-t-il des répercussions sur la productivité ? "Non, la motivation des collaborateurs est accrue et la productivité n'a pas diminué. Un collaborateur épanoui sera plus à l'écoute et en capacité d'être plus créatif. Et puis, one ne réduit pas le temps de travail, on offre de la flexibilité et de la respiration aux collaborateurs. En Angleterre, les entreprises n'ont pas non plus constaté de perte de rentabilité. Plus de 80% d'entre elles ont dit qu'elles allaient garder ce modèle", poursuit Nicolas Garrido, également membre du Medef des Pyrénées-Orientales et vice-président du Comex66.

Mise en place d'une badgeuse

Le seul débat en interne a tourné sur la mise en place d'une badgeuse pour la gestion du temps de travail. Pas question de fliquer selon Nicolas Garrido. "C'était simplement le format le plus simple à gérer", admet-il.

Très sollicité par les chefs d'entreprise sur son expérience... et par les demandeurs d'emploi - "j'ai reçu une abondance de CV !", sourit-il - Nicolas Garrido entend poursuivre sa démarche RSE en 2023. Une décision saluée par ses employés le jour du lancement de la semaine de 4 jours. "Ils m'avaient mis un chiffre 4 sur le bureau et m'avaient commandé une pizza... 4 fromages !".

Pour le Medef de Haute-Garonne, "c'est une proposition intéressante pour pallier les difficultés de recrutement"

La semaine de 4 jours fait partie des dossiers du moment au sein du Medef de Haute-Garonne.

Interrogé chez nos confrères de La Dépêche du Midi, Julien Pinna, le délégué général, parle d'une "proposition intéressante pour pallier les difficultés de recrutement qui sont au cœur de notre combat en ce moment. Nous regardons cela avec attention, tant au niveau local que national. Énormément d'expériences sont menées en ce moment dans des entreprises de toutes tailles, de la junior au grand groupe, en passant par la coopérative. Et nous en analyserons les résultats, de manière scientifique".

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