Payote fabrique 80 000 paires d'espadrilles par an. Le projet de nouvelle usine à Perpignan (Pyrénées-Orientales), d'ici fin 2024, pourrait faire basculer la production à un million de paires par an. (Photo : Payote)
Il y a quelque chose d'impalpable, voire d'irrationnel, dans le basculement des modes. Qui aurait cru par exemple que l'espadrille reviendrait dans le quotidien des Français à la vitesse grand V ? Il y en a un qui a eu du flair sur ce marché, c'est Olivier Gelly. En 2016, le Catalan s'est lancé... en vendant sa voiture, seulement avec sa passion pour ce produit qu'il porte régulièrement. Sept ans après, la success story n'est pas près de s'arrêter !
Un plan de financement de deux millions d'euros
Après Perpignan (Pyrénées-Orientales), Payote a ouvert une deuxième boutique en mai 2022 au centre-ville de Toulouse et le succès fut immédiat. Une explosion de la demande qui se retrouve dans les chiffres. En effet, Payote (qui fait fabriquer ses modèles dans un atelier Megam situé à Mauléon-Licharre, dans les Pyrénées-Atlantiques) crée 80 000 paires par an alors que la demande annuelle vient d'atteindre les... 3 millions de paires ! C'est pour remédier à ce problème et accompagner sa croissance que l'entreprise perpignanaise vient de lancer un plan de financement de deux millions d'euros : 1,5 million d'euros "en cours de discussions avancées avec les banques partenaires" et 500 000 euros via la plateforme de financement participatif toulousaine Wiseed.
Une nouvelle usine d'ici fin 2024
L'objectif final est clair : construire une nouvelle unité de fabrication au coeur de la capitale catalane d'ici fin 2024 pour fabriquer au moins un million de paires par an et embaucher 80 personnes (pour un effectif total de 18 salariés actuellement). Un objectif qui ferait de Payote l'acteur majeur, 4 millions de paires d'espadrilles étant vendues en France chaque année.
Structurer la société
La stratégie d'entreprise de Payote est multiple : au-delà de s'affirmer comme l'acteur majeur dans la fabrication d'espadrille en France et même en Europe, cette nouvelle usine doit doper non seulement la production et les ventes mais aussi développer le tourisme industriel initié par Olivier Gelly et ses équipes. "Depuis deux ans, les clients peuvent visiter l'atelier, créer leur propre paire et jouer à un escape game", explique le dirigeant. La structuration se poursuivra avec la création d'un pôle formation, plus de formation pour les futurs couturiers et chefs d'ateliers.
Une demande mondiale
Dans les clubs de sport (lire encadré ci-dessous), à la Tour Eiffel, à l'Elysée, dans les Clubs Meds... et même de la part des franchises de basket en NBA, aux Etats-Unis : la demande d'espadrilles designées par Payote est mondiale ! Il faut compter environ de 24 à 55 euros pour une paire, avec un panier moyen de 45 euros pour les clients de la marque. "40% de nos ventes proviennent de Paris, en ligne", explique Olivier Gelly.
Comme Martin Luther King en son temps, Olivier Gelly a fait un rêve. Qui rime avec ambition : "Dans dix ans, je vois une usine touristique à Perpignan et des boutiques Payote partout dans le monde !", conclut le chef d'entreprise occitan.
Payote n’a pas attendu le Mondial de rugby pour pousser la porte du monde ovale. L’entreprise catalane est en collaboration avec les organisateurs depuis quelques années. « Les espadrilles France Rugby marchent bien ! », s’exclame Olivier Gelly. Cinq modèles Bleu-Blanc-Rouge sont ainsi disponibles. Le Japon ayant établi leur camp de base à Toulouse, des espadrilles à la gloire du Pays au Soleil Levant devraient faire un tabac auprès des touristes japonais attendus en nombre. Mais pas d’espadrilles all blacks à l’horizon, faute de licence.
Le dirigeant s’attend à un vrai boom durant le Mondial, dans des villes qui fleureront bon l’été indien… Le rugby est le sport le plus avancé dans la stratégie de Payote et de nombreux suiveurs du Top 14 suivent leurs clubs favoris avec des espadrilles Payote. « Selon la demande, nous avons des commandes avec quatre clubs de Top 14 : l’Union Bordeaux-Bègles, le Stade français, l’Usap Perpignan et Montpellier », explique Olivier Gelly.
Faute de personnels suffisants, ce dernier attend que la demande vienne des clubs. Et des espadrilles Stade Toulousain, Payote ayant une boutique à Perpignan et dans la 4e ville de France ? « Ce n’est pas encore d’actualité », répond-il.