Midi-Pyrénées Plastiques
Face à l’accélération des délocalisations, Midi-Pyrénées Plastiques (MPP) a décidé dès les années 2000 de jouer la carte du service et de globaliser son offre. « Le client doit nous apprécier par rapport au coût d’acquisition d’un produit », tel est l’argument choc d’André-Jean Sarrion, le dirigeant de la PME toulousaine.
L’entreprise intervient à différents niveaux. En amont d’un projet, elle peut réaliser les premières études et le pré-développement à partir d’un cahier des charges précis (choix matières, …). Sur des pièces complexes, cet accompagnement contribue à écourter la phase d’industrialisation et donc de la mise sur le marché. En s’impliquant dans la création d’un produit avec un délai garanti, la PME réussit à satisfaire des demandes urgentes comme sortir en un temps record un abri de piscine avant l’été !
Autre avantage : en conservant l’outillage, MPP assure la fabrication en flux tendus, de la petite à la grande série. Ce qui permet au client d’optimiser la gestion du stock, de sécuriser ses approvisionnements qui ne sont plus à la merci d’un bateau coincé dans un port.
Allant le plus loin possible dans la valeur ajoutée d’un produit, ce plasturgiste a intégré toutes les étapes du process, le marquage, la peinture, la tampographie, la soudure par ultrason, l’usinage 3 axes…Cette palette de prestations permet de fidéliser un portefeuille de commandes variées. Des loisirs à l’espace, quelque 200 clients sont référencés. Sur un avion d’Airbus, 183 pièces différentes sont réalisées et livrées directement à l’avionneur européen pour être intégrées au poste de pilotage en cours d’aménagement ou sur la FAL. Fournisseur de rang 1, MPP livre tous les établissements d’Airbus, est sollicitée par d’autres constructeurs et équipementiers (Dassault, Bombardier, Liebherr Aérospace…). L’aéronautique génère 30% du volume d’affaires et le fait de ne pas dépendre de l’automobile et de l’électroménager évite les fortes ruptures de charge.
Pour franchir un palier, la PME envisage d’investir dans une unité de production tout électrique, pour attaquer le marché de la plasturgie en environnement contrôlé (exempt de poussière…). Les secteurs du bio médical, de l’électronique sont ciblés d’entrée. «Nous serions les seuls en local à faire de l’injection en salle grise » commente Andre-Jean Sarrion qui attend la signature d’un premier contrat pour passer à l’action.
Sur les agromatériaux 100% biodégradables, une expertise a été acquise avec des pièces plastiques issues de l’amidon de maïs (coques d’ordinateur…). Un savoir-faire que le dirigeant de la société veut davantage capitaliser et mettre en lumière via un cluster ou autre groupement d’entreprises régionales.
Après s’être dotée de nouveaux outils de communication (nouveau site Internet, changement de charte graphique et de logo…), MPP va s’attaquer à la refonte globale du système qualité, sécurité, environnement et du système d’information.
Un nouveau bâtiment de bureaux devrait aussi être rénové sur les 3,5 ha de foncier que possède la PME à Escalquens.
Emma BAO
Diffusé le 27 septembre 2012
A retenir
-Création de la société en 1975 par Henri et André-Jean Sarrion
-Effectif : 45 personnes
-CA prévisionnel 2012 : 3.5 M€, en progression de 3 à 5%
-40% du CA réalisé en Midi-Pyrénées, 50% en national et 10% à l’export.
-MPP s’est équipée d’un véhicule électrique en libre-service pour promouvoir ce mode de transport propre
Encadré
La plasturgie, une filière sinistrée
Depuis plus de 5 ans, la filière est fragilisée et les dépôts de bilans se succèdent. La branche d’activité est très atomisée avec des petites structures de 10 à 20 salariés, très dépendantes d’un ou deux marchés, travaillant parfois dans des secteurs exposés comme l’automobile et l’électroménager.
La vulnérabilité des entreprises suscite la méfiance des banquiers qui hésitent à accompagner les PME dans leurs projets de développement.
Vice-Président de Plastalliance, le syndicat professionnel qui recouvre tout l’arc Atlantique, André-Jean Sarrion mène plusieurs batailles dont celle de la formation pour pallier le manque de compétences confirmées et de qualifications. Dénonçant le recours systématique au low cost, imposé même dans certains appels d’offres, il est convaincu qu’il y a en France des marchés abordables, à des conditions aussi compétitives qu’ailleurs pourvu que les clients effectuent l’analyse de tous les postes de coûts.