Filiale du groupe gardois Calvet, Plasticlean ouvre à Vendargues, au nord de Montpellier (Hérault), la première unité de recyclage des films plastiques de paillage de France. Ce site de 5 millions d’euros fonctionnant avec une douzaine de salariés va traiter au moins 10 000 tonnes de films plastiques usagés par an.
Plasticlean a ouvert à Vendargues (Hérault), près de Montpellier, la première unité de recyclage des films plastiques de paillage de France (Photo : Plasticlean)
« Le réglage de l’unité de recyclage durera jusqu’en septembre, le site passera aux 3x8 en octobre 2023 et fonctionnera avec une douzaine de personnes, cinq jours sur sept », explique Christophe Calvet, président de Plasticlean.
Objectif zéro enfouissement
Début juin 2023, il a ouvert le premier centre français de recyclage des films plastiques maraîchers à Vendargues (Hérault), près de Montpellier, au carrefour de grandes zones maraîchères. Il répond à l’éco-organisme Adivalor*, qui cherchait une solution pour recycler au moins 10 000 tonnes par an de films plastiques maraîchers, qui partaient à l’enfouissement. « La Chine avait mis en place son plastic ban en 2017 et les centres français ne voulaient pas recycler nos films plastiques souillés avec un taux moyen de 66% », rappelle le président d’Adivalor Christophe Grison, lui-même maraîcher dans l’Oise. L’unité Plasticlean pourra recycler 100% des films plastiques de maraîchage utilisés en France.
« L’objectif est de zéro enfouissement en 2023 », assure le directeur général d’Adivalor Ronan Vanot.
Investissement de 5 millions d'euros
Derrière le projet, la ténacité d’un entrepreneur motivé, Christophe Calvet, président du groupe d’agrofournitures Calvet, basé à Aimargues (Gard). « Cela fait de longues années que j’explore le sujet. » Plasticlean aura investi 5 millions d’euros dans l’opération, plus que l’investissement initial prévu à 4,3 millions d’euros. Un surcoût dû à l’effet Covid, à la hausse du coût des machines et des pièces électroniques. Le projet de centre de recyclage a reçu le soutien de Bpifrance pour 300 000 euros et 850 000 euros de l’agence nationale Ademe. « C’est un projet complexe que l’Ademe accompagne depuis un an, car la filière plastique nous préoccupe », lance la directrice régionale Occitanie Céline Vachey.
De la collecte à la valorisation
Tout est calé côté approvisionnement. Adivalor collecte les films plastiques usagés, amenés par camions de 25 tonnes à Vendargues. Ils viennent du Sud mais aussi des Landes, de Bretagne, de la ceinture verte de Paris, d’Alsace... Plasticlean a développé un procédé breveté enchaînant broyage, lavage intensif et séchage des films en polyéthylène basse densité (Pebd).
« Nous avons mis au point des machines et mené quatre ans d’études et 18 essais », assure Christophe Calvet.
Plasticlean va récupérer au moins 10 000 tonnes annuelles de plastiques - qui vont tous aujourd’hui à l’enfouissement. En bout de chaîne, 3 500 tonnes de « floconnets » plastiques recyclés par an sortiront de l’usine, conditionnés en balles houssées. Ils pourront être compressées ou extrudées par des plasturgistes et finalement incorporés à la production de films plastiques neufs. « Les industriels se sont engagés à incorporer au moins 25% de granulés régénérés dans leur production à partir de septembre 2023 », souligne Bernard Le Moine, délégué général du Comité français des plastiques dans l'agriculture (CPA), qui regroupe les fabricants et les distributeurs de produits plastiques destinés à l’agriculture. « Sans Plasticlean, on n’y serait pas arrivés. Le groupe Calvet a pris l’initiative, ce n’était pas un long fleuve tranquille... »
« Une usine dans l’usine »
Tout ce qui entre dans l’usine vendarguoise est recyclé : le plastique, mais aussi la terre et les gravillons qui souillent les films de paillage. Plasticlean estime que 5 000 tonnes de terre par an rejoindront le circuit des terres végétales et 800 tonnes de cailloux seront réutilisées par le producteur de béton voisin. Quant à l’eau du nettoyage (250 m3 par heure), elle est recyclée grâce à une unité de décontamination sur site, une « usine dans l’usine », selon Christophe Calvet.
Encore en réglage, le site de Vendargues (9 000 m2 loués au groupe Mialanes) présente toutefois un écueil : « Il nous faut plus de place ! Mais ça a été le parcours du combattant pour trouver le foncier, regrette Christophe Calvet, de même qu’un assureur. Il nous faut un site de 40 000 m2, à l’horizon de quelques années ». Des discussions sont ouvertes avec une communauté de communes gardoise, qui souhaite étendre une zone industrielle.
* Agriculteurs, distributeurs, industriels pour la valorisation des déchets agricoles
Le groupe familial d’agrofournitures Calvet, fondé il y a 70 ans, emploie 80 personnes et réalise 25 millions d'euros de chiffre d’affaires. Sa filiale Europlastic (20 salariés), née en 1991, transforme des films plastiques à usage agricole. Il a créé l’entité Plasticlean mi-2021 pour apporter une solution à Adivalor. Le contrat porte sur 5 ans avec une extension de 2 ans. Christophe Calvet anticipe un chiffre d’affaires de 4 millions d’euros pour Plasticlean sur une année pleine d’exploitation.