Après le rachat de la pépite de la Tech française, Sigfox, par le Singapourien Unabiz, le leader mondial des solutions IoT de masse dresse un premier bilan et ses prochains objectifs, dont une nouvelle levée de fonds.
Pour Henri Bong (à gauche), le patron d’Unabiz, et Patrick Cason, directeur Europe sud, « la technologie Sigfox reste plus que jamais dans la course du « low power ». (Photo : Dorian Alinaghi - Entreprises Occitanie)
Contrôler des panneaux publicitaires, gérer le système de ventilation et de chauffage des immeubles professionnels ou privés, gérer également des alarmes d’une maison… Tous ces systèmes utilisent sûrement la technologie Sigfox. Créateur de la OG (zéro Gigahertz, zéro Gigabytes, zéro énergie), Sigfox est un système de connexion utilisant des signaux de fréquence radio ultra-rapide et de longues portées, que les techniciens appellent la bande ultra étroite (UNB = Ultra Narrow Band) pour le système M2M. Ce signal peut se faufiler partout, même dans les zones reculées.
"Cette pépite française ne mourra pas"
Mais la « licorne » française, basée à Labège (Haute-Garonne), à l'est de Toulouse, n’a pas trouvé l’équilibre financier et la pandémie a brutalement fait chuter l’entreprise. Placée en redressement judiciaire après des années de perte, c’est en avril 2022 qu’UnaBiz reprenait Sigfox pour 3,3 milliards d'euros. Pour Henri Bong, dirigeant de l’entreprise singapourienne, son histoire avec Sigfox est intimement liée.
« J’ai créé Unabiz en 2016 comme opérateur Sigfox exclusif en Asie. Avec cet achat et un investissement de 40 millions d'euros, je me suis engagé envers Sigfox. L’entreprise n’est plus mais la marque est toujours présente. Cette pépite française ne meurt pas et ne mourra pas. »
Mais cela n’a pas été une acquisition aisée. « Malgré la sollicitation très favorable des salariés, il fallait rassurer le gouvernement. En effet, ce dernier ne souhaitait pas que Sigfox soit racheté par une entreprise étrangère, de peur de voir partir une technologie stratégique et unique de connexion des objets », poursuit le dirigeant franco-chinois.
Chose faite, Unabiz a réussi l’acquisition ! A ce jour, Unabiz emploie 224 salariés dans le monde entier dont 124 en France, 66 à Twaïwan, 20 à Singapour, 7 à Madrid, 2 au Japon et 5 autres basés dans 5 pays (Brésil, Dubaï, Royaume-Uni, Australie et Thaïlande).
Une stratégie qui porte ses fruits
Il faut dire que le nombre d'objets connectés pourrait faire rougir tous les serveurs. A travers le monde, le chiffre passe de 9,8 à 11,4 millions en seulement un an « et il y a encore des milliards d’objets à connecter », précise avec enthousiasme Henri Bong.
Outre le fait de posséder dorénavant 223 brevets, cette évolution est portée par une stratégie basée sur quatre axes : le suivi d'actifs (outils, véhicules...), la télé-relève de compteurs (gaz, électricité, eau), le facility management et la sécurité. De plus, fort de sa présence dans 70 pays, Unabiz prépare des nouveaux modules de communications dits « bimodes » Sigfox/Lora. Ainsi, la société a déjà signé de nombreux partenariats avec des opérateurs de Lora (dont Actility, Senet, The Things Network, Loriot) dans plusieurs pays comme la Suisse, les Etats-Unis et les Pays-bas. Selon Henri Bong, « d’autres accords sont en phase de négociation. »
Un salut pour 2024 ?
En novembre 2022, Unabiz a procédé à une levée de fonds de série B à plus de 50 millions de dollars, la troisième à son actif (10 millions en 2018, de 25 millions en 2021) à la fin de l’année 2022 afin d’accélérer la recherche et le développement. Sans nous révéler le montant, le groupe singapourien compte réaliser une nouvelle levée de fonds en série C pour dynamiser ce réseau.
« Depuis la reprise de Sigfox, la société a subi une perte de 60 millions de dollars par an. Avec une réduction de 50% de nos dépenses, les pertes sont arrivées à moins de 20 millions de dollars en 2022. Nous pensons arriver à 15 millions en 2023 et nous prévoyons le retour à l'équilibre pour fin 2024. Autre point, nous souhaitons relocaliser notre siège en France mais la concrétisation est plus longue que prévue », conclut Henri Bong.