Le 6 juillet 2023, se tiendra l'élection du nouveau président du Medef. Deux candidats s'affrontent : Patrick Martin et Dominique Carlac'h. Porte-parole depuis cinq ans au sein du bureau national aux côtés de Geoffroy Roux de Bézieux, Dominique Carlac'h est candidate pour la deuxième fois après 2018. Interview.
Porte-parole de Geoffroy Roux de Bézieux durant cinq ans, Dominique Carlac'h est candidate pour la deuxième fois à la présidence du Medef. (Photo : DR)
Quelles raisons vous poussent à vous présenter une deuxième fois à la présidence du Medef après une première tentative en 2018 ?
Parce que j'en ai envie ! Ce n'est pas par habitude du pouvoir mais j'ai vraiment envie d'être à la tête du Medef pour préparer les années 2030 des entreprises. "L'envie d'entreprendre ensemble", c'est d'ailleurs mon slogan.
Je ne suis pas une candidate de l'opposition, j'ai été durant cinq ans porte-parole du Medef aux côtés de Geoffroy Roux de Bézieux. Mais cette élection parle des années à venir, où un certain nombre de défis nous attendent.
"Il faudra dédiaboliser le monde de l'entreprise, donner une vision positive et expliquer pour susciter l'adhésion. Et tout ça en n'étant pas prisonnier du logiciel de 2018 car le rapport au travail a changé, la colère sociale est là, la souveraineté s'est imposée, de même que le thème de l'énergie. En 2018, nous n'étions pas sur ces sujets".
Quels sont les points forts du bilan de Geoffroy Roux de Bézieux depuis 2018 ?
Je retiens d'abord la politique de l'offre, où l'on a été à la manoeuvre avec la baisse des impôts de production. Les entreprises ne se sont pas totalement effondrées avec la multiplication des crises (retraites, Gilets jaunes, Covid, guerre en Ukraine...) et nous avons été dans les négociations pour l'accord sur le télétravail. Enfin, les entreprises ne sont plus des cibles et je note une communication plus positive à leur égard.
Quel est votre programme pour battre Patrick Martin lors de cette élection ?
Il faut être à l'offensive pour un Medef de détermination et de solutions. Mes trois priorités seront le travail, la souveraineté compétitive et la place de l'entreprise. Sur le travail, il ne faut pas avoir de frein à l'employabilité. En France, nous n'avons pas de problème d'emploi mais de carrière. Il y a encore plein de choses à réaliser sur la formation et la reconversion.
"Jusqu'à présent, au Medef, on se préoccupait essentiellement des problèmes de charges et de fiscalité. Désormais, avec la souveraineté compétitive, il faut protéger et assurer les grands usages pour nourrir, loger, soigner et transporter. Ma conviction, c'est que l'Etat-Providence, c'est fini. Les entreprises ont les solutions économiques, c'est là qu'on crée la valeur".
En parallèle, il faut que le pôle économique du mouvement soit davantage relié à l'international.
Enfin, en mettant l'accent sur la place de l'entreprise, il faut engager un dialogue plus offensif sur les normes et fixer un cap ensemble sur l'industrie et la recherche. Mais pour chaque défi, il faut arrêter de tomber dans les normes et de désigner les bons et les mauvais élèves, comme avec les index et les taxes. Je prends l'exemple sur le verdissement de notre économie : arrêtons avec les taxes et faites-nous confiance ! Il faut changer de logiciel.
Les autres candidats (Pierre Brajeux, Guillaume Cairou et Olivier Klotz) se sont finalement ralliés à vous. Quelle est la cohérence de cette nouvelle liste ?
C'est une cohérence avec moi-même ! Je suis la candidate du rassemblement, j'incarne les territoires, les petites et grandes entreprises, les fédérations... J'ai la volonté d'instaurer plus d'horizontalité, de prendre le pouls des adhérents en continu. Avec les trois candidats qui m'ont rejoint, nous avons des valeurs et des parcours communs, nous avons tous créé et développé nos boîtes.
"Sur le terrain, on me voit comme une alternative crédible. "Tu as de l'énergie, une vision, un discours clair" : c'est ce qu'on me dit souvent. J'ai aussi la crédibilité technique sur le sport, la RSE, l'international, le social, l'économie..."
Même si le Medef a déjà été présidé par une femme, en l'occurrence Laurence Parisot entre 2005 et 2013, être une femme est-il un argument dans cette campagne ?
Ce n'est pas un argument ni un combat mais une évidence. La CGT et la CFDT ont mis une femme à leur tête (à la CFDT, Laurent Berger, en poste jusqu'à fin juin 2023, doit être remplacé par Marylise Léon, ndlr). Elles émergent, en cohérence avec notre époque. Maintenant, que le ou la meilleur(e) gagne. Mais beaucoup de personnes disent que ça aurait de la gueule si j'étais élue !