Le 6 juillet 2023, se tiendra l'élection du nouveau président du Medef. Deux candidats s'affrontent : Patrick Martin et Dominique Carlac'h. Président délégué depuis cinq ans, Patrick Martin est le favori pour succéder à Geoffroy Roux de Bézieux. Interview.
Patrick Martin mène cette campagne dans le costume du favori pour succéder à Geoffroy Roux de Bézieux. (Photo : DR)
Quel programme allez-vous porter durant cette campagne ?
Le constat, c'est que nous avons beaucoup de défis à relever. L'environnement, l'inclusion, la compétitivité, l'énergie, la valeur travail... J'ai de l'ambition pour le pays, de la conviction et de l'expérience.
La première chose qui doit prévaloir auprès des politiques et de l'opinion, c'est qu'il faut aller chercher la croissance. Pas de croissance, pas d'emploi ! Dans le débat public, certains prônent la décroissance : cela entraînera le chaos et la paupérisation. Nos entreprises doivent assumer une croissance responsable. Ma priorité absolue sera de porter un effort de plus sur la formation ; il faut mieux flécher les formations en rapport aux besoins de l'économie. La formation est un sujet qui fait consensus avec le gouvernement et les partenaires sociaux, les entreprises et les parents. Nous nous rejoindrons sur ces sujets.
Je suis également motivé par la réforme des lycées professionnels, il faut aider les 650 000 jeunes en LP pour leur trouver de vrais débouchés. Nos Medef vont devoir s'impliquer sur l'orientation. En effet, à partir de 2040, la population en âge actif va baisser, un bébé d'aujourd'hui sera au lycée en 2040.
"C'est prouvé : les pays les plus performants économiquement sont ceux qui ont le meilleur niveau de formation. Il faut engager la mobilisation pour rapprocher l'Education nationale et les entreprises".
Enfin, le sujet de l'inclusion me tient particulièrement à coeur. Je travaille avec les Déterminés de Moussa Camara et je vais me déplacer dans les QPV. Il faut envoyer des messages positifs. De même, l'intégration et le maintien dans l'emploi des personnes porteuses de handicap est important.
Vous avez été président délégué du Medef durant cinq ans. Quel bilan faites-vous de ce mandat ?
J'assume le bilan du mandat qui s'achève. Dominique Carlac'h se doit de l'assumer aussi ! On revendique des choses sur la fiscalité, le droit social et la gestion du Covid avec la mise en place des PGE et du Fonds de solidarité. On peut également être fier de la première baisse des impôts de production et de société.
Est-ce que je m'inscris dans la continuité ? Non. Les circonstances ont changé. Le péril climatique n'était pas assez douloureux, la concurrence internationale s'est intensifiée avec notamment le programme américain IRA sur la décarbonation fort de 400 milliards de dollars.
"On assiste à l'accélération des mutations de l'économie avec le télétravail, la digitalisation. Le Medef devra être pertinent et à l'offensive. Notre pays doit créer plus de richesses pour sortir de la pénurie".
La réindustrialisation est selon vous la clé pour l'avenir des entreprises ?
Il y a une prise de conscience collective du fait de réindustrialiser, j'ai notamment beaucoup travaillé sur le programme de la loi Industrie verte. Le Covid a montré la dangerosité de notre dépendance. Les territoires les plus en souffrance sont ceux où l'industrie a dépéri. L'industrie, qui concentre 80% des innovations et des brevets, est essentielle pour notre balance commerciale.
Quels sont vos soutiens dans cette campagne ?
J'ai eu 55 manifestations de soutiens publics, j'ai la branche de l'UIMM, Mobilians, la filière plasturgie Polyvia, la FFB et beaucoup de Medef territoriaux et régionaux. J'ai 100% de parrainages des Medef régionaux, et 95% des Medef territoriaux. C'est un signal.
"J'ai de l'affection et du respect pour Dominique Carlac'h, je ne suis pas dans la posture de celui qui a déjà gagné. Je sillonne les territoires et j'y prends du plaisir. Le mouvement a besoin d'unité".
Quel regard portez-vous sur la liste de Dominique Carlac'h, qui a été rejointe par les autres candidats Olivier Klotz, Pierre Brajeux et Guillaume Cairou ?
J'ai du respect pour chacun mais je ne vois pas la cohérence de cette alliance. Ils ont des positions différentes sur certains sujets. On doit l'authenticité. J'assume qu'avec mon équipe, nous soyons alignés sur nos valeurs. Il y a un impératif de collectif et de transparence, cette maison ne doit pas tirer à hue et à dia.