Avec le dessin animé « Les As de la Jungle » diffusé en 2011 sur France Télévisions, TAT Productions a été propulsée sur le devant de la scène internationale. Ce cartoon d’1 heure a séduit d’emblée les distributeurs, 150 pays diffuseront l’œuvre. Universal a acquis des droits sur le DVD commercialisé à grande échelle y compris sur le territoire américain.
La société de production toulousaine a mobilisé 1 M€ sur cette réalisation qui a nécessité 12 mois de fabrication. Le scénario a enthousiasmé à la fois les jeunes et les familles enchantées par les valeurs véhiculées, la pertinence et drôlerie des dialogues. La qualité technique a fait aussi la différence, « nous avons été précurseurs en faisant de la télé qui ressemble à du cinéma » commente Jean-François Tosti, un des 3 associés fondateurs de l’entreprise.
Le succès est tel que les partenaires qui ont financé Les As de la Jungle ont demandé une suite. 52 épisodes de 11 mn chacun sont en cours d’élaboration. Ils feront partie des émissions quotidiennes du programme jeunesse de France 3 qui garde pendant 3 ans l’exclusivité des droits de diffusion.
Pour tenir la cadence, TAT Productions multiplie par 4 ses effectifs (de 20 à 80 salariés), recherchant notamment des infographistes. Fin 2012, la PME a emménagé dans un plateau de 700 m2 en centre-ville. 650 000 € sont consacrés à l’acquisition de matériel informatique et logiciels (3 DS Max, la gamme Adobe…). Le coût de production de la série atteindra les 7 M€, un budget à boucler sans véritables fonds propres, « une situation spécifique à notre industrie culturelle » commente Jean-François Tosti. Participent donc au tour de table, le CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée), France Télévisions (qui a préacheté le programme), Master Film (le partenaire historique), Oséo, la Région (contrat d’appui…). La PME bénéficiera d’un crédit d’impôt spécial à l’audiovisuel. Pour compléter l’enveloppe, l’autre manne proviendra des distributeurs chargés de la diffusion internationale et à qui seront pré-vendus les épisodes.
Marque déposée, Les As de la Jungle auront aussi un destin « transmédia » avec des adaptations de cet univers audiovisuel à des formats mobiles et tablettes. Le merchandising est aussi une autre piste à l’étude (produits dérivés : livres, DVD, tee-shirts, matériel scolaire…).
Parallèlement à cette œuvre qui mobilise en interne l’essentiel du potentiel créatif, deux projets de long métrage pour le cinéma sont dans les cartons. Ils font partie du carnet de route à moyen terme.
Faisant partie des rares studios implantés en province, TAT Productions a choisi le 100% made in Midi-Pyrénées. Avec une offre 20% au-dessus du prix du marché, l’entreprise s’est frayé un passage auprès des chaînes de télévision! « Sur le plan artistique, nous sortons du moule et avons injecté un peu de sang frais. Quant à la démarche commerciale, notre audace assortie d’une dose d’inconscience a payé !» conclut avec humour Jean-François Tosti.
Emma Bao
Diffusé le 13 mai 2013
Encadré 1
Un trio quadragénaire animé par la passion
Tous trois passionnés de production audiovisuelle et cinématographique depuis leur adolescence, les deux frères jumeaux Jean-François et Eric Tosti et leur ami David Alaux ont fondé TAT Productions en 2000. Si le cursus universitaire et professionnel (le premier a étudié les mathématiques, les deux autres sont diplômés ingénieurs) ne les a pas directement préparés à ce métier, le trio quadragénaire qui a tout appris sur le terrain, s’est bien réparti les rôles. Un des associés pilote le volet financier et gestion, les deux autres sont en charge de la production artistique.
L’équipe s’est d’abord fait remarquer sur deux courts métrages de 5 mn réalisés en 1999 et 2001. Mais ce succès d’estime ne lui a pas ouvert d’entrée les portes de la télévision. Pendant 5 ans, l’entreprise a vécu grâce aux commandes de films publicitaires et d’animations, travaillant en relation étroite avec son partenaire Master Films. Ce dernier l’a soutenue tout le long du parcours, en tant que donneur d’ordres mais aussi en participant à la coproduction des œuvres.
La percée audiovisuelle surviendra en 2007, France Télévisions ayant retenu le dessin animé Spike (un film de 35 mn) diffusé à Noël 2008. Les As de la Jungle couronnés par de nombreux prix, sont venus consacrer le talent de cette pépite toulousaine.
Encadré 2
Le financement de la production en France
Aux USA et dans de nombreux pays, les producteurs financent eux-mêmes une œuvre et attendent le retour sur investissement. En France, une alliance du public et du privé permet aux sociétés de production (des structures souvent petites et à faible trésorerie) de rassembler les fonds nécessaires à la réalisation d’un film. « Ma principale activité c’est de réunir des financements extérieurs, de prévendre une œuvre pour lancer ensuite sa fabrication, une fois le budget bouclé » explique Jean-François Tosti.
Avant cette phase, le producteur perd souvent de l’argent car il doit supporter le coût de développement du projet présenté à financement (écriture du scénario, tests d’animations, scènes graphiques). La vente du programme à la chaîne qui acquiert pendant 3 ans les droits de diffusion couvre généralement les dépenses engagées, sans dégager de marge. Après ce cycle, la société de production commence à gagner de l’argent sur le produit libre de droits. Son catalogue d’œuvres pourra, en fonction du succès commercial rencontré, lui assurer des revenus pour continuer à développer des projets, engranger des commandes et fabriquer des films.
Le retour sur investissement intervient souvent après le premier cycle de diffusion de 3 ans