Pierre-Olivier Nau, président du Medef Haute-Garonne.
"Le Medef a soutenu la candidature d'Emmanuel Macron pour son programme économique et pour l'Europe. Nous saluons donc son élection, et souhaitons souligner la vigueur et la force de notre démocratie, qui s'est pleinement exprimée dans cette campagne, même si les attaques souvent violentes n'ont pas vraiment apaisé un pays qui en a grand besoin.
C’est une élection nette, la première réélection au suffrage universel direct hors cohabitation. Mais elle est faite de frustrations profondes et de sentiments sincères de délaissement, chez les salariés, et chez beaucoup de patrons de PME. Ce sont autant de défis pour le Président de la République.
- Plus d'un électeur sur trois a choisi de ne pas s'exprimer, dont 13 millions d'abstentionnistes, à qui le choix proposé au second tour n’a su offrir une réponse acceptable. Loin de faire rêver, les solutions présentées n'ont pas rassuré. C'est le défi majeur du Président de la République: retisser un lien souvent cassé, pour refaire naître un esprit d’équipe fort et une fierté de faire avancer notre pays ensemble. Les entreprises et leurs dirigeants ont ici un rôle clé.
- Les scores des extrêmes et la violence des positions ont profondément ancré une polarisation nouvelle entre économie sociale de marché, et état providence encore plus fort, avec "l'option" de la préférence nationale pour quatre électeurs sur dix. C’est le deuxième défi du Président: emmener les Françaises et les Français dans un monde en perpétuelle compétition, qui ne cesse d'innover, en étant certain de n'oublier personne. Le présent est anxiogène, il attise le moindre feu. C'est le deuxième défi : rassurer et ramener la confiance dans l'avenir.
- Enfin, trois sujets majeurs ont singulièrement été absents : la relation au travail, les territoires et la transition climatique. Ils sont pourtant, ensemble, la réponse aux défis du Président. Les entreprises en ont les clés, elles sont donc la solution. Nous avons besoin de recruter et de convaincre nos jeunes. La performance est beaucoup plus que l’augmentation du CA ou un multiple d’EBE. La performance se joue en équipe, au contact, dans nos territoires et dans le monde, elle doit avoir pour objet une répartition équitable du succès et la réussite de la transition climatique.
L‘idée prônée par quelques-uns, notamment à Toulouse, n’est certainement pas la décroissance, synonyme de chute et de faiblesse. La solution à cette équation est la croissance responsable, chère au Medef.
Le Gouvernement et les élus locaux doivent, en l’espèce, avoir la volonté féroce de faire de la France une championne du monde, d’accompagner et provoquer l’investissement en R&D dans des proportions inégalées, de redonner le goût des sciences, de faire confiance à nos entrepreneurs et leurs équipes pour co-construire leurs feuilles de route et d’évoluer vers une fiscalité audacieuse et incitative, en associant chacune et chacun à ce projet.
Sur cette volonté pour la France, Toulouse a les meilleurs atouts pour agir en leader, continuer de montrer ce chemin de croissance verte et inclusive, et devenir la "ville j'ose". "