De g à d : Aymeric Barthès, président et Gaëtan Séverac, également à la direction de l'entreprise
Avec son robot de désherbage mécanique évitant l’emploi de produits phytosanitaires, Naïo Technologies a décroché ces deux dernières années de nombreux trophées. La reconnaissance du bien-fondé d’une solution à la fois innovante et porteuse d’avenir pour la filière agricole.
Destiné au maraîchage, OZ procède par binage, raclant le sol sur 2 à 3 cm. L’engin robotisé exécute sa mission sans intervention humaine, avec une autonomie des batteries électriques de 4 heures. En 12 heures, il traite un hectare. De faible consommation énergétique, cet outil améliore les conditions de travail des agriculteurs en exploitation bio souvent soumis à des tâches physiques pénibles. Afin de faciliter sa prise en main, un soin particulier a été apporté à l’ergonomie et aux interfaces homme-machine.
Dans sa première mouture, le produit a été conçu pour les cultures hautes telles l’oignon, le poireau ou la tomate.
« Ce n’est pas le GPS mais le laser qui assure le guidage avec une précision minimale de 2 cm » souligne Aymeric Barthès, président. L’utilisateur effectue le paramétrage de son choix, selon les rangées à biner. Naïo Technologies a déjà vendu 6 machines et espère atteindre la quinzaine d’ici la fin 2014. Deux exemplaires sont en phase de test à l’Ile de la Réunion, l’université ainsi qu’un distributeur sont en train d’évaluer l’adaptation aux variétés cultivées localement.
Une deuxième version d’OZ est en cours de développement. Elle intégrera la vision 3D et 2D, ce qui élargit le champ d’action du robot qui pourra opérer sur du paillage plastique (utilisé pour les courgettes…) et sur des plantations très basses type salades, jeunes plants…Les prévisions de distribution tablent sur une cinquantaine d’unités écoulées en 2015, année où l’entreprise atteindra son point d’équilibre.
En combinant le laser et la caméra, Naïo Technologies prépare en fait une brique logicielle générique que l’on pourra embarquer sur plusieurs types d’engins agricoles. A cet égard, la société est le porteur d’un projet régional (lancé dans le cadre d’Agile IT) visant à mettre au point un système robotisé pour la vigne. Le Laas/Cnrs et l’IFV font partie du consortium. Vinovalie apporte également sa contribution à ce programme de R&D.
Afin de se positionner sur les grandes cultures, la start-up a noué un partenariat avec Carré à Nantes, le leader européen du binage sur ce type de marché. « Nous allons travailler sur l’automatisation de leur gamme » complète Aymeric Barthès.
Pour structurer la PME et financer la montée en puissance commerciale, une deuxième levée de fonds a été finalisée en juin dernier (730 000 € mobilisés). Faire connaître l’outil auprès de tous les maraîchers dont ceux du grand Sud-Ouest dans l’immédiat, est une des priorités de la rentrée.
En démarche RSE, Naïo Technologies veille à ce que son réseau de sous-traitants soit en conformité avec ce concept. Les deux associés dirigeants militent aussi en faveur d’une agriculture durable, préservant les intérêts des agriculteurs et la santé des consommateurs.
Emma Bao
Diffusé le 29 septembre 2014
Encadré 1
A retenir
- -Société fondée en 2011 par 4 associés au départ ; deux actuellement sont à la tête de l’entreprise : Aymeric Barthès, ingénieur robotique et Gaëtan Séverac, docteur en robotique spatiale
-Effectifs : 8 personnes
-Le robot OZ est amortissable au bout de 3 à 5 ans ; le désherbage chez un maraîcher bio représente un tiers de la masse salariale.
-Nombreux prix décrochés : Prix Galaxie 2012, Primé lors du concours Midinov 2013, Lauréat du Réseau Entreprendre, Grand Prix de l’économie numérique en 2014, Trophées du développement durable organisés par l’Arpe, Lauréat au Siad en 2014 (un salon agricole)….
Encadré 2
Diversification de l’offre
Naïo Technologies a lancé une application pour les serres non automatisées. Cette solution contrôle leur température et humidité, alertant par SMS le maraîcher en cas de dysfonctionnement de l’installation. De quoi pallier les risques liés aux abondantes coupures d’électricité.
Sur son cœur de métier, l’entreprise prépare une version manuelle du robot qui sera moins chère et donc plus accessible aux agriculteurs ne pouvant investir sur de la robotisation. Cette alternative leur permettra de limiter les troubles musculo-squelettiques fréquents dans le métier du maraîchage.