de g à d : Pauline de Saint-Front et Catherine Roudier
« La RSE doit être appréhendée par le dirigeant d’entreprise comme un outil de pilotage permettant d’identifier sur le court, moyen et long terme les actions phares à mener sur le plan économique, sociétal et environnemental, la RSE permet d’intégrer les dimensions extra financières dans la gestion d’entreprise » résume d’entrée Catherine Roudier du cabinet Valeur Développement. Traduire sur le plan financier les apports de la RSE permet de mesurer le retour sur investissement des démarches engagées. Ce n’est pas une usine à gaz. « Pour chaque société, le diagnostic réalisé vise à mettre en exergue 3 ou 4 critères clés qui feront l’objet d’un chiffrage » argue Pauline de Saint-Front du cabinet Figuris. Ces informations ont toute légitimité pour compléter la compréhension de la comptabilité. On peut ainsi estimer les coûts liés à l’absentéisme, à l’énergie, à l’empreinte carbone, à la gestion des risques…Cette valorisation extra-financière permet aux décisionnaires de mieux calculer la rentabilité et d’effectuer les meilleurs choix. L’objectif étant de repérer les leviers sur lesquels il convient d’agir. Une approche qui suppose un travail de veille afin d’anticiper les contraintes environnementales, l’évolution de la fiscalité, le renchérissement de l’énergie….
« Le dirigeant doit avoir une vision globale, ne pas raisonner uniquement sur l’organisation » estime Catherine Roudier en détaillant la méthodologie déployée. La première étape vise à identifier les enjeux et la stratégie de l’entreprise. La phase suivante prend en considération l’éco système dans lequel cette dernière évolue. Puis, Valeur Développement procède à une série d’entretiens in situ auprès des parties prenantes qui permettront (au travers de questionnaires et documents chiffrés bilan carbone, risques pollutions, intégration du handicap, diversité…) d’identifier les enjeux prioritaires pour l’entreprise sous l’angle quadri dimensionnel (économique, social, environnemental et transversal) ; ces échanges sont aussi l’occasion de lister ce qui a été fait mais qui n’a pas été traduit en chiffres. Le diagnostic est présenté au chef d’entreprise qui repère immédiatement les deux à trois axes ayant une influence sur ses enjeux, sa performance, son développement et les comptes de la société… Au-delà des enjeux prioritaires, l’entreprise connait son niveau de maturité afin de définir les objectifs et axes de travail, Catherine Roudier cite le cas d’un client Véolia Propreté Aquitaine : « le diagnostic a permis d’appréhender la problématique gestion des coûts d’exploitation sous un angle novateur et de proposer des solutions jusque-là jamais envisagées.
« Notre rôle est d’attribuer une valeur aux éléments quantitatifs» ajoute pour sa part Pauline de Saint-Front. Pour cela il faut définir des périmètres de mesure d’indicateurs, bien délimiter leur champ (exemple : fournisseurs et clients pour le CO2…). Trouver la bonne valeur pour un indicateur nécessite plusieurs approches dont l’étude de la bibliographie existante. Un expert extérieur peut être sollicité pour donner son avis sur le chiffrage préconisé par Figuris qui dans l’exercice de son métier, compte déjà plusieurs références. Avec McDonald’s France un travail a été mené sur le CO2, l’eau, la biodiversité et les déchets. Avec Ecocert, le cabinet s’est employé à chiffrer la tonne de CO2 émise calculée à 10 €. La tarification des émissions permet ensuite d’acheter de la compensation carbone à la même hauteur. Les collaborateurs se sont appropriés la thématique et agissent au mieux pour limiter au quotidien les consommations de CO2.
Sur la problématique du bien-être au travail, l’un des premiers voyants est le taux d’absentéisme. Une donnée qu’il faut décortiquer, analyser et chiffrer…La pyramide des âges, les trajets domicile travail, le mode de management…toute une série de facteurs entrent en ligne de compte.
Si la méthode est bien calée (état des lieux, diagnostic, valorisation extra financière), l’élaboration de solutions exige une forte implication de la part du dirigeant d’entreprise. « Nous l’accompagnons dans l’élaboration du plan d’action, la structuration du pilotage, le déploiement opérationnel de la RSE ou la mise en place d’outils spécifiques » souligne Catherine Roudier qui évoque à moyen terme la sortie d’une norme certifiant le management de la RSE et plus précisément son appareil de pilotage.
Emma Bao
Diffusé le 25 mars 2014
Encadré 1
Des compétences complémentaires
Catherine Roudier, la fondatrice de Valeur Développement conseil et accompagne les entreprises intéressées par la RSE, qu’elles aient une problématique liée à leur performance ou plutôt environnementale, liée à la santé sécurité au travail, ou organisationnelle. Elle intervient en diagnostic et mise en œuvre d’un plan d’action et ce via une approche collective et individuelle selon les enjeux et objectifs à atteindre. Si l’entreprise souhaite valoriser les apports de la RSE, compléter sa comptabilité avec des informations extra-financières, Catherine Roudier s’appuie sur l’expertise de Figuris, une société spécialisée dans la comptabilité universelle (1). Ce cabinet qui a le statut de JEI (Jeune entreprise innovante) effectue de la recherche sur la comptabilité du futur. « Elle intégrera entre autres le sociétal, l’environnemental, le social qu’il faudra traduire en chiffres » résume Pauline de Saint Front, ingénieur conseil développement durable et associée de Figuris aux côtés de son père Jacques de Saint Front et Michel Veillard. Les sociétés cotées ont déjà pour obligation d’inclure ce type d’informations en annexe du bilan, dans le rapport de gestion. A l’horizon 2017, la loi imposera aux sociétés employant plus de 500 personnes de s’engager dans la RSE dès 2017. Ce qui impactera les relations avec leurs sous-traitants et fournisseurs.
A noter aussi, l’audit RSE sera réalisé par un tiers.
(1) : Cette dernière fait également appel à Valeur Développement sur ce qui n’est pas de son domaine de compétence en matière de RSE.