Fabien Roualdes, directeur général du groupe Satys.
Satys maintient le cap de la croissance. Depuis son siège toulousain, le groupe industriel qui sert essentiellement l’aéronautique et le ferroviaire prévoit de passer de 210 à 260-270 M€ de CA en 2019 et cible les 500 M€ en 2025. Qu’est-ce qui fait grandir l’entreprise ?
L’innovation, les conquêtes commerciales à travers le monde et la croissance externe constituent les trois ingrédients clés du développement du groupe Satys. L’an dernier, depuis son siège à Blagnac, l’industriel avait réorganisé ses activités avec d’un côté Satys Services (peinture, étanchéité et traitement de surface) et de l’autre Satys Systems (câblage et aménagements intérieurs aéronautique et ferroviaire). Une réorganisation accompagnée d’un changement de nom ; le groupe s’appelait Finaero jusqu’en mars 2018. Satys réunit des métiers aussi variés que la production de panneaux composites, de planchers chauffants, de systèmes frigorifiques, mais aussi le câblage, le traitement de surface et la peinture des avions et hélicoptères. Les clients de Satys sont principalement dans deux secteurs : l’aéronautique, pour la peinture, le traitement de surface et l’aménagement cabine et le ferroviaire pour les aménagements intérieurs. Quelles synergies entre toutes ces activités ? « Ce qui nous rassemble, c’est le fait que tout ce que nous faisons se voit par le client final : le passager. Et quand on conçoit et produit des choses visibles, on a plus facilement le souci du travail bien fait » observe Fabien Roualdes, directeur général du groupe fondé et présidé par Christophe Cador.
La peinture d’avions, activité historique
La peinture reste la première activité du groupe (35% du CA). Satys peint 800 avions chaque année, repeinture compris. La dernière grosse opération de croissance externe du groupe a eu lieu dans ce domaine d’activité, lorsque Satys rachetait en octobre 2018 le groupe anglais Air Livery, grand acteur européen de la repeinture (17 M€ de CA). Quelques mois avant, c’était Prodem, spécialisée dans le traitement de surface de pièces aéronautiques (CA : 12M€) qui intégrait le groupe. Au-delà de ces opérations, la bonne santé de l’activité peinture et traitement de surface de Satys est aussi liée à son dynamisme commercial et à ses efforts R&D. Au moment du Bourget, sa récente signature avec un acteur majeur d’aviation privé sur la repeinture d’avions sur deux sites de l’avionneur, à Singapour et en Floride, met en lumière ce dynamisme. Des annonces pourraient aussi tomber prochainement dans le traitement de surface : « C’est une industrie qui doit encore se professionnaliser pour parvenir à une réduction des cycles. Nous prévoyons d’investir dans ce domaine », avance le directeur général Fabien Roualdes qui annonce avec prudence des projets sur Toulouse, où déjà 5 sites de peinture sont en opération. Dans le monde, les ouvertures de sites de peinture et traitement de surface continuent à ouvrir activité (56 sites en tout). Le prochain sera à Dubaï, avec une ouverture annoncée en 2020.
L’innovation : vecteur de compétitivité et de sécurité
Que ce soit dans les process, la formulation de la peinture ou le traitement des déchets, les ingénieurs de Satys planchent pour gagner en productivité et pour être le plus green possible. « Dans nos métiers, l’hygiène, la santé et l’environnement sont et seront toujours la priorité », rappelle Fabien Roualdes. Quelles avancées aujourd’hui dans ces domaines ? A travers la joint-venture Expiris (50 % Satys, 50 % Gaches Chimie, chimiste toulousain), Satys teste des nouveaux process chimiques. Autre problématique à résoudre : l’usinage chimique et la complexe gestion des bains usés concentrés en titane. Comment récupérer ce titane et le réintégrer dans un système circulaire ? Satys y travaille. Les usines Satys sont conformes à la réglementation européenne Reach, qui vise à sécuriser la fabrication et l’utilisation des substances chimiques dans l’industrie : après la ventilation des lieux, l’aspiration à la source est étudiée de près et des procédés sont actuellement testés dans les hangars toulousains du groupe. Question process, l’automatisation, la digitalisation et le développement d’outils propres à l’entreprise permettent au groupe de faire face à ses challenges, que Fabien Roualdes résume à la compétitivité et la vitesse d’exécution (avec la qualité qui suit). Une salle de peinture pilote nouvelle génération est en cours de maturation à Toulouse. Mais, à côté de ces outils 4.0, le directeur général tient à rappeler que la peinture restera un métier manuel.
Equipement ferroviaire : un marché à consolider
La diversification par des opérations de croissance externe a rythmé la vie de l’entreprise ces dernières années. Et le mouvement n’est pas terminé : « Notre stratégie de diversification répond à notre volonté de nous rendre moins dépendants des activités cycliques de l’aéronautique. Nos clients du secteur nous encouragent d’ailleurs dans ce sens. Pour eux, plus nous seront robustes, mieux on répondra à leurs attentes », explique Fabien Roualdes qui n’exclut pas de prochaines opérations, notamment dans le domaine du ferroviaire : « Le ferroviaire est une industrie où il y a encore beaucoup de petits acteurs. Il faut se consolider et je pense que nous sommes bien placés pour orchestrer des rapprochements. » Après la peinture, les panneaux composite sont le cœur de métier de Satys mais à travers l’acquisition de Kelox en mai 2018, le groupe compte aussi se développer dans les moyens frigorifiques dans les trains. Un métier très particulier qui présente un fort potentiel de développement, notamment à l’export.
Encadré . Satys en chiffres
CA 2018 : 210 M€
CA 2019 : 260 à 270 M€
Taux de croissance autour de 20 % depuis 3 ans
3100 salariés, dont la moitié en France.
800 appareils peints chaque année (repeinture inclus)
50 000 m² de composite fabriqué chaque année
23 hangars de peinture avion dans le monde dont 5 à Toulouse, avec d’autres projets à venir
71 sites en Europe, aux Etats-Unis, au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie