SECURITE AERIENNE : L’ISAE-SUPAERO étudie les mécanismes neuronaux cérébraux intervenant dans l’erreur humaine lors d’un accident d’avion

 

La direction de l’école d’ingénieurs  ISAE-SUPAERO (Institut Supérieur de l’Aéronautique et de l’Espace) a invité le 12 mars 2015 la presse pour une présentation de ses  laboratoires de recherche et plus particulièrement de la Chaire AXA-ISAE intitulée « Neuro-Ergonomie et facteurs humains pour la sécurité aérienne ».

Olivier Lesbre, directeur général, a d’abord rappelé l’historique de l’école : créée en 1909 à Paris par le Colonel Roche sous le nom d’ « Ecole Supérieure d’Aéronautique et de Constructions Mécaniques », elle fut la première école aéronautique au monde. Sa mission est de former des ingénieurs dans ce domaine en les préparant à la recherche de pointe et à l’innovation. En plus des enseignants attitrés, l’école emploie 1800 vacataires du monde industriel et travaille en partenariat avec de nombreuses universités étrangères. Les élèves, qui intègrent l’école par le concours Mines-Ponts, acquièrent en trois ans un socle solide de connaissances générales et suivent un cursus personnalisé en réalisant trois projets. A la rentrée 2015, la formation sera identique pour les élèves de SUPAERO et pour ceux de l’ENSICA. Le groupe ISAE inclut l’école ISAE-SUPAERO-ENSICA, l’ENSMA de Poitiers, l’ESTACA  basée à Levallois-Perret et l’Ecole de l’Air de Salon de Provence. D’autre part, la fondation ISAE-SUPAERO, reconnue d’utilité publique, a été créée en 2008 pour favoriser le rayonnement de l’école. Grâce à des dons d’entreprises et de particuliers (près de 9 millions d’euros collectés depuis sa création), elle participe à quatre Chaires de recherche en association avec des entreprises et écoles (Safran, HEC, Airbus, AXA, Nuclétudes).   

 

Frédéric Thivet, directeur de la recherche, a ensuite décrit les cinq départements qui couvrent toutes les techniques de l’aérospatial. Citons entre autres les études sur les moteurs d’avion « Open Rotor », les micro-drones multifonctionnels ou longue portée, un sismomètre pour l’exploration martienne. L’un de ces départements est le DCAS (département conception des véhicules aérospatiaux). Depuis 2004, le DCAS accueille l’équipe « Facteurs Humains et Neuroergonomie » dirigée par le Pr Frédéric Dehais, titulaire de la Chaire AXA-ISAE pour la sécurité aérienne.

 

Frédéric Dehais a exposé le contexte de l’activité de la Chaire AXA sur la sécurité aérienne. La complexité croissante des cockpits modernes et la pression opérationnelle peuvent mener les pilotes, mêmes les plus expérimentés, à être totalement dépassés par des situations extrêmes. Ainsi,  au cours des cinq dernières années, il y a eu plus de 50 accidents liés à des pertes de contrôle et à des collisions avec le sol, deux catégories d’accidents aériens causant la plus forte mortalité. Dans la plupart de ces situations très stressantes mais récupérables, il apparaît que les équipages n’ont pas réussi à identifier le problème et ont persisté dans des prises de décisions irrationnelles en conflit avec la conduite du vol. Par ailleurs, l’analyse de ces évènements révèle que des accidents se produisent en dépit d’alarmes auditives dans le cockpit. La prise en compte du facteur humain et des travaux récents en neurosciences peuvent permettre d’apporter des  explications pour comprendre ces accidents. Des approches sont déduites pour que le pilote garde sa lucidité malgré le stress : simplifier l’affichage du cockpit en supprimant temporairement des informations et recadrer l’attention du pilote sur des informations pertinentes, mettre en place des contre-mesures qui pourront se matérialiser par exemple par une animation projetée au sein du cockpit. Ces pistes prometteuses démontrent l’intérêt des neurosciences pour définir de nouvelles interfaces homme-machine afin d’améliorer la sécurité des vols.

 

 

 

Godefroy Beauvallet, directeur du Fonds AXA pour la Recherche, a présenté les principales missions de cette initiative : comprendre les risques pour mieux les assurer, entretenir un mécénat de recherche fondamentale et partager les connaissances pour le bénéfice de tous. Trois thèmes sont favorisés : risques socio-économiques, risques environnementaux et risques portant sur la vie humaine. Les bourses sont accordées sur critères académiques, au terme d’un processus de sélection strict et transparent, via des appels à candidatures ou des comités de sélection. Bien que le taux d’accidents aériens soit aujourd’hui très bas (un tous les 4,4 millions de vols), l’assureur AXA est intéressé par l’étude de la cause de ces accidents car 70% d’entre eux impliquent le facteur humain. AXA a donc décidé de soutenir une chaire permanente à l’ISAE-SUPAERO, par une dotation de 1 million d’euros à utiliser sur 20 ans qui sera administrée par la Fondation ISAE-SUPAERO. Cette chaire a été lancée le 3 avril 2014. 

Mario Martinez
Diffusé le 26 mars 2015

       

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