Après une démarche de plus de cinq ans, l'Union des Industries et Métiers de la Métallurgie (UIMM) et les syndicats CFDT, CFE-CGC et FO ont concrétisé une avancée historique avec la nouvelle convention collective de la métallurgie. Un projet ambitieux visant à redéfinir le paysage conventionnel de la branche pour répondre aux défis contemporains de l'industrie.
Bruno Bergoend, président de l'UIMM Occitanie et Marie Cancel, référente dispositif conventionnel à l’UIMM Occitanie. (Photo Dorian Alinaghi Entreprises Occitanie)
Depuis 2017, la branche de la métallurgie s'est engagée dans la construction d'un modèle économique et social novateur. Les enjeux mondiaux de compétition, de transition numérique et écologique, de compétences et de compétitivité ont guidé cette démarche, soulignant la nécessité d'une évolution significative du dispositif conventionnel.
Marie Cancel, référente dispositif conventionnel à l’UIMM Occitanie, exprime sa satisfaction :
« Nous sommes heureux de partager avec vous l'aboutissement de ces 5 années de travaux qui se concluent par la signature de la nouvelle convention collective de la métallurgie et de ses accords associés par les trois organisations syndicales CFDT, CFE-CGC et FO. Il faut dire que l’ancienne convention datée de 1970, ce qui n’est plus applicable à l’heure actuelle »
Une nouvelle convention pour la métallurgie
Après plus de cinq ans de négociations intenses, l'UIMM et les trois organisations syndicales représentatives de la branche – CFDT, CFE-CGC et FO – ont officialisé le 7 février 2022 la signature de la nouvelle convention collective de la métallurgie. Cette démarche, d'une envergure historique, vise à moderniser le dispositif conventionnel existant pour créer un modèle social adapté aux attentes émergentes des entreprises et des salariés.
L'UIMM a collaboré avec les organisations syndicales pour élaborer le projet social de l'industrie du XXIe siècle. Couvrant 1,6 million de salariés et 42 000 entreprises à l'échelle nationale, « en Occitanie, l’industrie c’est 10 branches de l’industrie, 10 000 établissements, 210 000 salariés. La métallurgie est la première branche professionnelle avec plus de 60% des effectifs industriels », précise Bruno Bergoend, président de l'UIMM Occitanie.
Cette convention est la première à modifier l'intégralité du paysage conventionnel d'une branche. Un changement majeur pour positionner l'industrie au cœur de l'économie nationale.
Des avancées majeures
Appliquée depuis janvier 2024, la convention introduit des innovations clés pour la branche, simplifiant profondément les processus pour accroître la compétitivité des entreprises. Elle offre également une meilleure gestion des métiers émergents et favorise le développement des emplois futurs.
La création d'une classification unique et objective (voir encadré) pour tous les emplois de la branche permet aux directions d’entreprise de construire ou enrichir des processus d’évolution de carrière, de rémunération par exemple et pour les salariés d’appréhender plus clairement des parcours solides et adaptés. Cette classification, basée sur l'emploi réellement occupé, élimine les différences catégorielles injustifiées. De plus, elle fixe des salaires minimums au niveau national, renforçant l'attractivité de la branche.
Une avancée significative est la mise en place d'un régime de protection sociale propre, pour tous les salariés cadre et non cadre, couvrant les gros risques en cas de décès, incapacité et invalidité.
Au cours des deux dernières années, l'UIMM a constitué une équipe d'experts RH et juridiques au niveau national et territorial pour accompagner les entreprises adhérentes. Ils fournissent un soutien opérationnel aux questions techniques et juridiques tout en aidant les entreprises à envisager leur transformation.
Un dispositif spécifique collectif et individuel a été mis en place pour les grands groupes, offrant un accompagnement sur-mesure avec un référent UIMM dédié. De plus, un accompagnement territorial au sein des UIMM territoriales garantit un déploiement homogène et de proximité.
"L'objectif est d'animer des réunions mensuelles pour répondre aux questions des chefs de projet et des DRH, soulignant la nécessité d'une forte implication de l'encadrement intermédiaire dans la gestion des emplois, des compétences et des parcours professionnels", souligne Marie Cancel.
Une hiérarchie source d’équité pour les salariés
Le résultat de cette analyse permet à chaque entreprise de classer et hiérarchiser les emplois de manière objective. Le classement de l'emploi, mentionné sur la feuille de paie, ne constitue pas une reconnaissance individuelle, mais reflète le résultat de l'analyse d'un emploi, assurant toujours sa conformité à la réalité.
Le classement des emplois définit une hiérarchie de référence pour l'ensemble des emplois de l'entreprise, facilitant l'élaboration d'une politique RH cohérente. Cette approche transparente simplifie également l'échange et la communication autour de l'emploi, bénéficiant tant aux employeurs qu'aux salariés. « Nous sommes désormais dans une phase d’observation afin d’avoir le meilleur recul concernant cette convention. Espérant qu’elle dure 50 ans de plus, mais elle sera sans doute évolutive dans le temps », concluent Bruno Bergoend et Marie Cancel.
La refonte des dispositions des conventions et accords collectifs a conduit à l'élaboration d'un nouveau système de classification. Ce système, basé sur l'emploi réel, offre une hiérarchie objective des emplois, favorisant l'équité pour les salaires minimums conventionnels et soutenant la politique RH des entreprises.
« La classification repose sur une fiche descriptive d'emploi, détaillant les activités réelles de l'emploi, transmise aux fins de consultation salariés. Cette fiche permet une analyse à travers six critères classants, dont certains sont nouveaux, comme les critères "contribution" et "communication", adressant un message fort aux jeunes et représentant une innovation sociale importante », explique Bruno Bergoend.