Pierre-Olivier Nau, président du Medef Haute-Garonne et Raphaël Enthoven, écrivain philosophe.
Ce lundi 30 novembre, depuis Paris, le président du Medef Haute-Garonne Pierre-Olivier Nau et le philosophe Raphaël Enthoven échangeaient avec l’équipe du Medef Haute-Garonne et les partenaires de la soirée Top Eco ainsi que les 300 personnes inscrites à cet événement digital. La prudence et l’audace étaient le thème de l'intervention du philosophe. Un échange enrichissant en ces temps de questionnements.
Reportée pour des raisons de confinement, la traditionnelle soirée du Top Eco organisée chaque année à l’occasion de la sortie du guide régional des entreprises Top Eco( édité par le Medef 31) a pris une tournure inédite pour sa 33ème édition. Avec le prestataire Abaques, l’événement a été organisé en version 100 % digitale, reliant trois sources d'auditeurs et participants : A Toulouse, Sébastien Vignette (délégué général du Medef 31), Gil Bousquet (journaliste animateur) et les représentants des partenaires de la soirée Olivier Castro (AG2R La Mondiale), Olivier Rolland (EDF), Antoine Lefort-Lavauzelle (Samsi, qui suite à récente fusion avec l’Astia devient Prévaly) et Grégory Corbière (Pelras SA) étaient réunis. Pierre Olivier Nau, le président du Medef Haute-Garonne, et Raphaël Enthoven (philosophe et écrivain) étaient à Paris et enfin les 300 auditeurs participants sont restés à leur écoute de 17h à 19h en se connectant sur Youtube ou Twitter.
Quatre défis à relever selon Pierre-Olivier Nau
Malgré les distances, le débat a captivé l’audience. La soirée a commencé par le discours de Pierre Olivier Nau qui a pointé quatre défis dans la situation actuelle : un défi psychologique visant à redonner de l’optimisme à chacun ou à lutter contre les effets du télétravail à outrance ; un défi financier consistant à « retrouver le chemin du chiffre d’affaires et à parvenir à se faire comprendre par les investisseurs et les banquiers » ; un défi stratégique, où, lorsqu’on est en dehors des plans de relance, il faudra trouver d’autres leviers pour résister et enfin un défi d’innovation : « il va falloir saisir la perche qui nous est tendue » en répondant aux tendances émergentes de la digitalisation, de la transition énergétique, etc.
La prudence est-elle un risque supérieur à l’audace ?
Le philosophe a démarré sa conférence en rebondissant sur le discours de Pierre Olivier Nau qui évoquait l’obligation des chefs d’entreprise à se remettre en cause dans le contexte actuel. "Se remettre en cause c’est douter de soi-même mais aussi refaire de soi-même une cause", rappelait-il. Le courage a aussi été évoqué dans son intervention : « Il y a plus de courage dans le fait d’assurer le fait de ne pas savoir que dans le fait de prétendre savoir », remarquait Raphaël Enthoven qui a aussi voulu redéfinir l’optimisme qui caractérise souvent l’état d’esprit des chefs d’entreprise : « plus que d'optimisme, je parlerai d’obstination, d’invincibilité(...). On peut être battu mais ne pas être vaincu (...). L’échec n’est pas une défaite mais une occasion de repartir. » En d’autres mots, les dirigeants, de part leur fonction, ne baissent pas les bras et chez eux, l'optimisme est souvent courageux car, comme le rappelle le philosophe, « l’optimisme est un inconfort qui finira toujours par être démenti ».
La prudence a ses limites
Raphaël Enthoven a évoqué l’affaire Samuel Patty ou plutôt les réactions de personnalités politiques au lendemain de l’annonce de sa décapitation pour répondre à cette question. « La réaction consistant à considérer que les caricatures sont obscènes et que donc leur diffusion doit être montrée avec prudence » a été questionnée par le philosophe qui dénonce les intérêts contradictoires dans certains discours politique. Dans cette situation, la prudence est selon lui dangereuse. « Le problème de la prudence, c’est la lâcheté (…) mais c’est aussi ce qui nous donne la capacité de vivre dans un monde dont on ne sait pas tout. » Raphaël Enthoven a fait référence à plusieurs philosophes tout au long de sa conférence. Parmi ceux-ci, Aristote et le principe que « je ne suis pas responsable de ce qui m’arrive mais responsable de ce que j’en fais » . Le recours au masque ou le débat autour des solutions proposées par le professeur Raoult ont aussi été évoqués par le philosophe pour montrer que la prudence était parfois de mise, surtout si l’on n’ a pas de visibilité sur l’avenir, ou si l’on méconnaît le problème. Dans sa conclusion, l'invité de cette soirée a exprimé son plaisir à échanger avec des chefs d'entreprise : "un univers où le dogmatisme est quasi inexistant, ou l'on peut critiquer sans offenser". Gardons cette ouverture d'esprit !