Soirée Top Economique : Hubert Védrine donne sa vision des relations internationales

Hubert Védrine, Piere-Marie Hanquiez et les partenaires de la soirée Top Eco. Crédit : Loïc Bel.

Hubert Védrine, Piere-Marie Hanquiez et les partenaires de la soirée Top Eco. Crédit : Loïc Bel.

700 personnes ont participé à la soirée Top Eco Occitanie du 5 septembre dernier. Ce grand rendez-vous économique de la rentrée organisé par le Medef Haute-Garonne se tient chaque année  à l’occasion de la sortie du guide annuel des entreprises et des services Top Eco Occitanie. L’ancien ministre Hubert Védrine était l’invité de la soirée.

 

Les deux amphithéâtres de l’espace Diagora étaient pleins ce jeudi 5 septembre, pour écouter l’intervention d’un invité de marque, Hubert Védrine, ancien ministre des affaires étrangères. Son témoignage et ses observations sur les nouveaux enjeux à l’international ont captivé l’audience : 700 personnes, chefs d’entreprises et autres  personnalités du paysage économique local comme Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole, Dominique Faure, vice-présidente de Toulouse Métropole, Sandrine Floureusses, vice-président au conseil départemental de Haute-Garonne, Jean-Louis Chauzy, président du Ceser, des députés et autres élus locaux, ainsi que les présidents des principales branches d’activité.

« Un clapotis sans fin »
Le thème de l’intervention d’Hubert Védrine était : « Face au "chaos" mondial, quelle stratégie pour l'Europe ? » Pour donner sa vision des relations internationales aujourd’hui, l’ancien ministre revient sur la chute de l’URSS et les années qui ont suivi (années 90) : une période de « triomphalisme » en Occident, avec une perception « naïve » des Européens qui, n’ont pas mesuré les répercussions possibles sur les grands équilibres du monde. Un monde « pas forcément plus dangereux mais tellement différents de ce que les Occidentaux ont cru obtenir dès les années 90 (…) Rien ne s’est passé comme prévu !»  explique t-il en donnant sa définition du chaos, celle d’un état d’imprévisibilité, et donc d’ une forte instabilité. Il définit la situation internationale actuelle en utilisant l’image de la météo marine :« Pas de mer calme, pas de cyclone, mais une mer agitée voir très agitée partout. (…) Nous sommes condamnés à un clapotis sans fin ». Il rappelle que ni la Chine ni les pays émergeants ont vocation à convertir ou à contrôler le monde.
L’homme politique pointe aussi du doigt la crise des démocraties représentatives, qu’il associe, parmi d’autres causes, au phénomène de surinformation. « J’ai beaucoup d’empathie pour les gens qui gouvernent aujourd’hui (…)Il faut relégitimer la fonction publique. »

Quelle Europe demain ?
Tout en prévoyant des conséquences « vertigineuses » du Brexit sur l’Europe et donc une situation alarmante en Europe, Hubert Védrine reste optimiste, en prônant une vision réaliste de ce que chacun peut attendre du projet européen. Il observe qu’entre les pro- européens classiques et les personnes hostiles à l’Europe, une grande partie de la population européenne est devenue sceptique. Ceux qui ont cru par exemple à la promesse d’une Europe sociale. Ou d’autres qui n’ont constaté qu’un trop plein de réglementations… « Ce sont ces personnes qu’il faudra convaincre. (…) Il faut accepter d’entendre les demandes européennes qui veulent garder une certaine souveraineté. » Avec l’explosion démographique en vue, la question migratoire est et sera une question majeure en Europe : « Il est très urgent de trouver un objectif raisonnable. »

« L’écologisation » de l’économie
L’ancien ministre ne croit pas à la possibilité actuelle de faire des grandes réformes en Europe, mais plutôt de s’orienter vers une Europe des projets, avec une organisation par domaines. Sur le plan économique, Hubert Védrine évoque un tournant majeur, celui de « l’écologisation, qui suit la période de l’industrialisation ». C’est notamment sur cet axe que l’Europe aurait la possibilité de faire ses preuves. « Dans ce domaine, la France n’a pas à culpabiliser, c’est le pays qui émet le moins de CO2. Et cela grâce au nucléaire », a-t-il tenu à rappeler. D’après lui, l’écologie est le moteur de croissance de demain, et pourrait même être un indicateur aussi considéré que le PIB.

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