Jean-Pierre Vialaneix, directeur du site toulousain de Thales Alenia Space
Thales Alenia Space, (TAS) forme avec ses sous-traitants une équipe embarquée partageant des challenges similaires. En 2013, l’accélération de la compétitivité et l’acquisition de nouvelles technologies sont dans les priorités. « Il faut mobiliser tous les acteurs de la supply chain en utilisant toute notre expérience pour préserver notre position sur la scène internationale» résume Jean-Pierre Vialaneix, le directeur de l’établissement toulousain de TAS.
Tout confondu, TAS injecte en Midi-Pyrénées près de 100 M€ à la fois dans les facilities et surtout vers la sous-traitance liée à la production et aux études. Sur son site historique de Candie, l’industriel emploie 2550 salariés plus les intérimaires et près de 140 salariés chez Telespazio (1).
Qualité, délai, performance, c’est dans l’ordre les contraintes exigées pour tous les clients. La pression sur les coûts et les délais reste très fortement animée par la concurrence venant du monde entier et en particulier des constructeurs américains comme Boeing déjà très compétitifs grâce aux technologies développées pour leurs nombreux programmes de défense et qui profitent en plus de la parité euro/dollar.
Une des réponses c’est de généraliser partout le Lean tant sur le site qu’au sein de la supply chain. Autour de TAS une grappe de sous-traitants participe à l’action collective régionale Aeroleank. En conception, le mot d’ordre aux ingénieurs c’est « plus de standardisation et de re-use plutôt que de réinventer de nouveaux systèmes ». Mais en contrepartie, il faut développer des technologies compétitives comme la propulsion électrique en remplacement de la propulsion par ergol.
Boeing l’an dernier a gagné des marchés avec des satellites utilisant cette technologie pour le placement en orbite. Avantage, pour une charge utile identique, la masse du satellite est réduite de près de moitié en supprimant les bidons d’ergols, permettant d’abaisser fortement le coût du lancement. L’allongement du délai de transfert du satellite sur son orbite finale, de plusieurs mois, est largement compensé par les économies sur le lanceur.
La menace est prise très au sérieux. L’an dernier sur un marché commercial en baisse des télécoms estimé à 18 satellites, TAS a gagné seulement deux compétitions. 80% du montant d’un contrat de satellite télécom développé par TAS est réinjecté dans l’économie française. « Les pouvoirs publics, l’ESA, le Cnes ont pris conscience de l’enjeu » indiquait JP. Vialaneix, notamment lors de la conférence ministérielle avec l’adoption du projet NEOSAT.
Si le contexte est devenu très compliqué, le site de Toulouse devrait stabiliser son activité en 2013, « nous avons des atouts à faire valoir ».
Dans le domaine des charges utiles et des équipements de satellites, Toulouse a su préserver sa compétitivité et vend sa production un peu partout dans le monde y compris à ses concurrents américains dans les satellites. Le contrat majeur pour la constellation Iridium NEXT comprenant 81 satellites suit son cours sans heurt. Des phases de validation critiques ont été passées avec succès sur l’engineering model, les antennes réalisées en coopération avec l’Italie. « C’est un contrat d’une complexité unique qui devrait nous aider à renforcer la confiance et notre image de fiabilité chez nos grands clients ». La seconde constellation en cours de fabrication, O3B suit son cours.
Dans la météorologie, TAS a gagné le contrat Météosat 3ème Génération (MTG), comprenant six satellites, confirmant ainsi son rôle de leader européen dans ce domaine depuis plus de 30 ans. La navigation constitue un autre point fort du centre toulousain. L’objectif en 2013 est de renouveler le contrat de maintenance du système EGNOS auprès de l’ESA, l’Agence européenne de l’espace pour le compte de l’Union européenne. « Nous avons bien les compétences et une parfaite connaissance du système que nous avons conçu, mais il faudra une nouvelle fois être les meilleurs ». Préfigurant le système Galiléo dont TAS a la maîtrise d’œuvre du système sol, il améliore les performances du signal GPS et permet par exemple lors des phases d’atterrissage des avions, des approches de précision sans équipements de guidage au sol dans les aéroports.
JL. Bénédini
JL. Bénédini
(1) Filiale de Finmeccanica et Thales, spécialisée dans les services.
Sous-traitance : détails
TAS fait travailler près de 640 personnes chez ses sous-traitants dont 300 sur site, dans la mécanique, la fabrication de cartes électroniques, les bancs tests, les essais de composants, l’ingénierie, les logiciels et plus de 300 dans les achats généraux. Parmi ses partenaires régionaux, citons Mécano ID, Nexeya, Microtec, Mécamesure…A noter sur le programme en cours d’Iridium NEXT, la part confiée à la sous-traitance représente près de 25 M€ en Midi-Pyrénées, l’essentiel étant produit par les équipes de TAS en interne pour des compétences clé de l’entreprise. La moitié du montant du contrat est achetée aux USA.