Chaque mois, nous proposons à un chef d’entreprise adhérent au Medef de commenter le contexte politique et économique. Derrière l’enseigne de restauration Tommy’s Diner, Tommy Soula expose les difficultés de sa profession qui subit la hausse des coûts de matières premières. Et cela dans un contexte de difficultés de recrutement, d’augmentation des salaires… de charges sociales toujours aussi lourdes à porter
Patrick Soula et son fils Tommy
« On ne veut pas tout impacter sur notre clientèle et on n’augmentera pas notre carte. Mais la hausse de coûts des matières premières commence à nous poser problème. Il nous faut rogner davantage notre niveau de marge, et cela au lendemain de la crise sanitaire qui a pu déjà affecter les niveaux de trésorerie pour certains. Du fait de notre taille et de notre développement, et malgré la crise covid qui nous a obligés à fermer des restaurants, nous avons pu maintenir une certaine solidité. Mais ce n’est pas le cas pour tous et je pense aux jeunes entrepreneurs ou aux plus petites structures déjà fragilisées. C’est un coup de bambou en plus ! Nous travaillons des produits de qualité, en circuit court mais notre produit, le burger, doit rester abordable. Or le prix de du steak haché a augmenté de 2€ le kilo, l’huile de tournesol de 20 à 30 %, les produits d’emballage (ce qu’on appelle les paper cost) de 20 à 30 %... Des hausses importantes de dépenses qui s’ajoutent à l’augmentation des salaires. Mais sur ce sujet de l’augmentation des salaires, nous sommes d’accord sur le principe.
On a oublié les entreprises !
D’accord, donc, sur le principe d’une revalorisation des métiers de la restauration : c’est un métier difficile où l’on demande aux gens de travailler dans les temps, normalement réservés à la pause, à la vie familiale, au divertissement. Il faut aimer servir les gens, et être passionné. Et je trouve normal que l’on revalorise ce métier avec une augmentation de salaire. Nous étions déjà au-dessus du salaire minimum mais nous avons aussi augmenté les assistants managers. Etant moi-même salarié et étant passé par tous les stades du métier, je comprends donc très bien ce dispositif d’augmentation. Chez Tommy’s Diner, on arrive à une augmentation de 2,5 % sur la masse salariale. Mais on a oublié les entreprises ! L’Etat n’a rien fait au niveau des charges fiscales, et les TPE et PME doivent faire avec. C’est trop lourd à porter. Sur une prime de 100 euros, le salarié reçoit à peu près 70€ et cela coûte environ 55 € à l’entrepreneur. Ce n’est pas normal ! Les petites entreprises sont bloquées dans leur élan de développement à cause du poids de charges sociales. Je ne comprends pas pourquoi on n’est pas entendu sur ce sujet. Il faut que le gouvernement nous entende et cela devient urgent dans le contexte actuel ou d’autres problématiques de coûts s’ajoutent.
L’ombre au tableau, ce sont les charges
La quête des bons profils est une difficulté qui ne date pas d’hier dans nos métiers. Chez nous, on privilégie le savoir-être avant le savoir-faire que l’on peut toujours transmettre. Mais on ressent aujourd’hui une certaine volatilité et on se demande si les saisonniers seront au rendez-vous cet été. Il faudrait peut-être augmenter encore les salaires ? oui, encore une fois, je pense que récompenser le travail, c’est une très bonne chose. Mais l’ombre au tableau ce sont les charges… Quand va-t-on agir concrètement sur ce sujet ?"