Depuis Toulouse, Caroline et Djamel Chibout ont créé la Marinière, une franchise en poissonnerie qui s'est progressivement développée en Haute-Garonne et ailleurs en France. Rencontre.
Lancée à Toulouse, la Marinière s'est étendue en France grâce au statut de franchise. (Photo : La Marinière)
Où en est le secteur de la poissonnerie en France ? Alors que les boulangers et les bouchers-charcutiers sont les premiers qui viennent à l'esprit quand on parle de commerce de proximité, les poissonniers ne sont pas un réflexe. "La filière n'a pas su se fédérer, elle a été abandonnée. A Toulouse, il n'y avait ni filière ni école de poissonnerie pour donner un nouveau souffle au secteur", explique sans ambages Djamel Chibout.
Création d'un CAP en 2015
Avec sa femme Caroline, le Toulousain, qui travaille depuis plus de 25 ans dans le milieu, a décidé de secouer la profession. En 2015, Djamel et Caroline parviennent à créer un CAP poissonnier/écailler au sein du lycée professionnel Renée Bonnet, à Toulouse. Et en 2017, ils vont plus loin en créant "une franchise de poissonnerie unique en France" au nom tout trouvé, un croisement entre le monde maritime et la Bretagne, la terre de sa femme : la Marinière.
Première franchise en 2017
La première boutique en franchise ouvre en janvier 2017, à Cugnaux (Haute-Garonne). Le début d'une longue expansion pour Caroline et Djamel Chibout qui profite d'un regain des poissonneries aux yeux des consommateurs.
Selon une publication réalisée par le cabinet d’études Iri, le chiffre d’affaires des commerces de bouche a progressé de 22,7 % en 2021. Dans cette tendance, les ventes de produits de la mer dans les commerces locaux ont progressé de 32,7 % entre octobre 2020 et octobre 2021 (contre 7,5 % pour les rayons poissons des hypermarchés).
"Nous avons des demandes d'ouvertures de franchises qui arrivent d'un peu partout en France et ile ne se passe pas un mois sans une demande de maire qui veut qu'on s'installe dans leur commune !", se réjouit le Toulousain.
"Faire revivre la poissonnerie traditionnelle"
Il poursuit l'objectif de "faire revivre la poissonnerie traditionnelle, mise à mal par la grande distribution". En effet, selon l'Union nationale de la poissonnerie française, plus des deux tiers de la part de marché de produits de poissonnerie frais sont détenus par les grandes et moyennes surfaces.
En 2023, le chalutier de la Marinière a étendu son filet en Haute-Garonne. Le siège social se situe à Seysses et en plus de la présence au marché Victor-Hugo, six franchises ont été développées à Fronton, Saint-Orens, Castanet-Tolosan, Beauzelle et Lacroix-Falgarde.
Cinq nouvelles franchises en projet
La Marinière, c'est aussi une boutique à Cholet (Maine-et-Loire) et de nombreux projets d'ouverture cette année. Cinq nouvelles franchises vont ouvrir leurs portes : en Haute-Garonne (Bruguières, Auterive et Balma), dans les Alpes-Maritimes (Mougins) et en Loire-Atlantique (Châteaubriant). "La Marinière souhaite ouvrir cinq franchises par an à court terme, puis atteindre la barre des 10 nouvelles ouvertures par an. La société a pour ambition de réinstaller des poissonneries dans tout le territoire français, afin qu'elles soient aussi nombreuses et accessibles que les boucheries", avance Djamel Chibout, dont les différentes franchises emploient une trentaine de personnes.
Un labo pour fabriquer ses propres sushis
Djamel Chibout met en avant des valeurs du secteur comme "les produits de haute qualité" ou encore "l'authenticité. Nous faisons nos propres huîtres Marennes-Oléron". Il dit s'adapter à la demande des clients et coller le plus possible aux tendances de consommation. "Les poissons bleus ne sont plus demandés, on a perdu le grenadier et arrêté de vendre du sabre. En revanche, le sébaste et la vieille ont la cote", indique notre expert en produits de la mer, qui a voulu réduire au maximum les intermédiaires.
L'autre grande mode dont raffolent les Français, c'est évidemment les sushis. En 2021, Djamel Chibout a créé un laboratoire spécial pour la confection des sushis, à Lacroix-Falgarde (Haute-Garonne), au sud de Toulouse.
Il veut créer un CFA d'entreprise
Parallèlement au développement de la franchise, Djamel Chibout travaille un autre projet qui lui tient à coeur. "J'aimerais créer un CFA d'entreprise, une poissonnerie-école. Il faut ramener des jeunes en formation et en apprentissage, faire moins de manutention, rendre le métier plus sexy. Je veux mieux faire et aller plus vite. On cherche des locaux et j'espère concrétiser d'ici fin 2024", témoigne l'entrepreneur toulouso-breton.