Jeudi 29 février 2024, le ministre des Armées Sébastien Lecornu était en visite au sein du fabricant de drones Delair, à Labège (Haute-Garonne). Il a annoncé la commande de 2000 drones kamikazes.
Bastien Mancini, dirigeant de Delair (à gauche), a reçu la visite du ministre des Armées Sébastien Lecornu (à droite), jeudi 29 février 2024. (Photo : Anthony Assémat - Entreprises Occitanie)
La France intensifie sa présence dans le conflit russo-ukrainien... et c'est en partie dans la région toulousaine que cela se joue. Jeudi 29 février 2024, l'entreprise de fabrication de drones Delair (100 salariés et 10 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2023), basée à Labège (Haute-Garonne), au sud-est de Toulouse, a reçu la visite du ministre des Armées Sébastien Lecornu.
2000 drones kamikazes
Acteur majeur dans le domaine des drones en Occitanie et en France (l'entreprise réalise 80% de son chiffre d'affaires dans la défense), Delair va passer à la vitesse supérieure. Delair va en effet participer à la fabrication de 2000 drones kamikazes pour l'armée française mais aussi et surtout pour l'armée ukrainienne, qui serviront directement sur le front. Un appel à projet dans le cadre d'un consortium qui va rassembler l'acteur haut-garonnais et Nexter.
L'entreprise toulousaine Delair va participer à la production de 2000 drones kamikazes pour l'armée française et ukrainienne. "Delair représente le modèle de ce qu'il faut faire et va participer à l'économie de guerre", déclare le ministre des Armées @SebLecornu #Toulouse pic.twitter.com/fx6cfFeAyT
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Delair, "la vitrine de ce qui fonctionne"
Sébastien Lecornu a précisé les contours de cet accord :
"Delair est un partenaire fondamental dans l'aide mais aussi dans les équipements nouveaux, qui a compris très tôt que le marché du drone allait exploser. L'entreprise remplit les critères et c'est une vitrine de ce qui fonctionne et de la nouvelle manière de faire sur le théâtre ukrainien. Delair va participer à l'effort de rattrapage de nos armées. C'est une vitrine de l'économie de guerre, capable de tenir des délais avec des prix raisonnables ».
Dans l'économie de guerre
Avant cette étape majeure dans l'histoire de Delair, créée en 2011, cette dernière participait déjà à fournir des drones "classiques" à l'Ukraine avec la livraison de 100 modèles UX11 et 50 DT26, et s'apprête à en livrer 150 supplémentaires. Mais l'entrée dans cette économie de guerre" a engendré "un changement culturel", indique Bastien Mancini. "Nous vivons l'économie de guerre comme une hausse des cadences. Faire confiance à une PME comme la nôtre, où l'on maîtrise l'ensemble de la chaîne, nous permet de faire nos preuves".
Le ministre des Armées a expliqué que ces premières munitions téléopérées pourraient débarquer sur le front ukrainien dès l'été 2024.
Le ministre des Armées @SebLecornu visite l'entreprise toulousaine Delair, spécialiste des drones civils et militaires #Toulouse pic.twitter.com/Iggpt7fzmC
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"Devenir un champion du drone"
Delair réalise 70% de son chiffre d'affaires à l'export (Afrique, Europe, Asie du sud-est) et conçoit, au global, environ 50 drones par mois. Les dernières commandes ont fait passer la production de 4 à 12 gros drones par mois, par exemple. Bastien Mancini détaille :
"Nous allons significativement augmenter les cadences de production et développer de nouvelles fonctionnalités. Cette commande va continuer à développer l'entreprise. On cherche à devenir un champion du drone et à construire une filière du drone en France. Mais il y a du chemin : à l'international, les gros acteurs réalisent 300 millions d'euros de chiffre d'affaires dans ce secteur".
A l'avenir, Delair, qui avait racheté début 2023 le Marseillais Notilo Plus pour compléter sa gamme dans les drones sous-marins, espère revenir à un équilibre 50/50 sur le chiffre d'affaires entre le civil et la défense.