La marque collective N’Py génère 25% du chiffre d’affaires des stations pyrénéennes qui ont adhéré à cette structure commerciale. Dix ans après le lancement, c’est un succès. Avec la carte N’Py rechargeable sur Internet et la carte No Souci, les usagers accèdent à tous les domaines skiables et installations sans passer aux guichets en profitant des avantages d’un club. Les stations sont allées plus loin en proposant des cours de ski, la réservation de matériel, de l’hébergement, de la balnéothérapie sur le site. La prochaine étape c’est de créer une véritable place de marché.
Tous les fans de ski des Pyrénées connaissent N’Py. La carte No Souci c’est aujourd’hui le plus grand club de ski du monde clament ses créateurs. A l’origine c’était un vrai challenge d’associer des stations de ski concurrentes pour créer une grille tarifaire commune. Les antagonismes historiques entre vallées pyrénéennes ont freiné pendant longtemps les projets, par exemple entre les Agudes et Peyresourde, La Mongie et Barèges…. Dans une économie du ski mature avec l’aléa météo, le nombre de journées skieurs (1) qui a baissé et stagne, des offres multiples, françaises, espagnoles ou andorranes dans les Pyrénées et les Alpes, le pragmatisme a finalement prévalu sur les barrières administratives et culturelles. « Nous avons mutualisé une structure commerciale tout en gardant l’autonomie financière de chaque station » commentait Michel Pélieu, le président de N’Py et président du Conseil général des Hautes-Pyrénées lors du 10ème anniversaire du réseau. Tous les investissements marketing sur internet sont communs. La SEM, la société d’économie mixte Nouvelle Pyrénées, N’Py, emploie une trentaine de salariés (plus 8 représentants dans les stations) au siège à Lourdes dont une vingtaine au marketing avec un centre d’appel et gestion web qu’aucune station ne pourrait financer seule. La Caisse des dépôts a rejoint l’an dernier les collectivités locales, le Crédit agricole et la Caisse d’Epargne au capital de la SEM. « Innovation, excellence opérationnelle, satisfaction client », c’est le trio gagnant de N’Py qui a été la première entité à lancer une plateforme de vente commune entre stations non reliées physiquement bien avant la Compagnie des Alpes, le numéro 1 mondial. Deux millions de recette supplémentaire sont générés par N’Py. Le groupement a élargi au-delà des forfaits ski son offre pour maîtriser l’hébergement et les services associés avec la volonté de devenir le 1er site de vacance des Pyrénées toute l’année. La création d’une filiale N’Py Resa dédiée est envisagée pour gérer cette place de marché. L’effet groupement joue aussi sur les achats. Dameuses et équipements divers, 4 M€ ont été mutualisés en 2014 correspondant à une économie de 10% et de 20% sur la fourniture d’électricité récemment négociée auprès d’EDF. Les échanges sur les modes de préparation de pistes, la gestion des saisonniers, des audits croisés sont organisés. Autre initiative de N’Py, rénover le parc immobilier disponible dans les stations de ski qui a vieilli, « les lits morts », devenus impropres à la location. Le Crédit Agricole, EDF et l’Agence Square Habitat ont lancé une 1ère initiative à la Mongie avec des incitations financières aux propriétaires. Les économies locales dépendent directement de la fréquentation des stations, 1 euro dépensé dans les remontées mécaniques génère 7 euros au total (retombées fiscales, emplois directs et indirects).
(1) 5 millions de journées skieurs sur les 38 stations des Pyrénées en 2013 et 2014 contre 6 millions en 2006 pour un CA global d’environ 100 M€ dont environ la moitié par les stations N’Py.
55% du domaine skiable des Pyrénées
N’Py représente 55% du domaine skiable des Pyrénées avec les stations des Peyragudes, Piau, Cauterets, Grand Tourmalet, Luz-Ardiden, Gourette et la Pierre-Saint-Martin plus le Pic du Midi, Cauterets-Pont d’Espagne et le Train de la Rhune et 4 espace nordiques à Piau, Sobrarbe, Payolle, Cauterets et la Forêt de Braca. Avec le succès, d’autres stations pourraient rejoindre le réseau ou adhérer sous d’autres modalités comme Luchon Superbagnères. Le rapport de la Cour des comptes publié le 11 février 2015 sur le devenir des stations de ski des Pyrénées souligne les difficultés financières de la plupart des stations avec des exploitations déficitaires, une faible capacité d’investissement pour moderniser des infrastructures viellissantes. L’initiative N’Py est mise en avant, des stations comme Le Grand Tourmalet ou Peyragudes ont plutôt mieux géré leur avenir.
Article diffusé par JL Bénédini le 1er mars 2015