TRANSFORMATION/DECOUPE DE MOUSSE : Interview Agnès Timbre, DG de Celso


 

« Nous sommes leader mondial dans la fabrication de coussins pour sièges cockpit. Nous livrons un ensemble complet avec la garniture, la housse, l’intégration des accoudoirs. En tant que transformateur de mousse, nous avons 300 références au catalogue, une offre des plus riches sur ce métier »

 

Son arrière-grand-père avait démarré l’activité au début du siècle dernier, proposant du feutre à usage industriel, le temps que n’apparaisse la mousse peu avant la deuxième guerre mondiale. Son fils Jean Saunière, fondateur de Celso en 1987 a continué à développer l’affaire, réalisant de la découpe de mousse pour de nombreux usages dont les sièges des cockpits. Prenant le relais à la direction générale, sa fille Agnès Timbre, ingénieur en sciences des matériaux,  a encore enrichi le catalogue et le portefeuille clients avec 300 références de mousses dédiées à la santé, l’acoustique, l’aéronautique, l’emballage, la PLV, les sports et loisirs…Dans une démarche de développement durable, une R&D est engagée pour trouver des alternatives au polyuréthane et polyéthylène, un retour aux sources en quelque sorte, commente avec humour la dirigeante de la PME en pensant au feutre commercialisé par Léon Saunière.

Dans un métier où exercent peu de femmes, Agnès Timbre retrace son parcours de chef d’entreprise, évoquant les projets et les axes de croissance de Celso. Une PME montalbanaise qui en 5 ans a réussi à doubler son CA dans une conjoncture économique atone.

EMP : Succéder à son père et être reléguée à « la fille de…», subir des comportements machistes…il faut avoir un caractère bien trempé pour dépasser tout cela ?

Agnès Timbre : En fait, mon arrivée à la direction s’est faite naturellement dans la mesure où j’ai rejoint l’entreprise en 1991, occupant plusieurs postes liés à la production : les achats, la qualité, la fabrication, le bureau d’études…Quand j’ai fait l’acquisition de la société en 2006,  j’avais déjà accumulé une bonne expertise technique et connaissance de la société ; j’étais perçue comme « légitime » par de nombreux collaborateurs et clients. En plus de ma formation d’ingénieur, j’ai obtenu un master en management et j’ai suivi le cursus « métier dirigeant » pour conforter mes compétences. Via le club APM et mon implication dans l’éco système régional, j’enrichis mes connaissances, partage des savoir-faire, m’ouvre à d’autres horizons.

Si j’étais préparée au pilotage de la société, j’ai tout de même dû faire face à quelques grincements de dents de la part de la gent masculine. Lorsque j’ai voulu emprunter pour acheter les parts de mon père, les banquiers ne croyaient pas en moi et ont  refusé mes demandes  de prêts !

EMP : Quelles sont les étapes clés dans l’évolution de Celso ?

A.T : Le renouvellement régulier du parc industriel nous permet d’être performants et compétitifs. Nous rentrons en moyenne une nouvelle machine par an.

Bien que nous soyons très diversifiés, l’aéronautique génère tout de même 30% de notre CA. Nous sommes leader mondial sur la fabrication de coussins pour le siège cockpit. Nous équipons aussi les classes business et first. Nous avons intégré d’autres métiers, comme la sellerie cuir pour avoir une offre globale et récupérer de la valeur ajoutée. La création en 2014 de Celso Services nous fait gagner en visibilité quant à cette activité. Nous fournissons à nos clients des ensembles complets, un siège fini avec sa garniture, housse, accoudoir…

EMP : Quels sont vos donneurs d’ordres sur l’aéronautique ?

A.T. : Nos interlocuteurs sont les fabricants de sièges tels Stelia Aerospace, Zodiac, SEAT, Fisher…Nous participons avec certains à des programmes de recherche collaboratifs. Nous sommes partie prenante dans 2 projets labellisés par Aerospace Valley, l’un sur un fauteuil business (programme PLUME), l’autre sur le siège cockpit du futur (GENOSIA).

EMP : La R&D occupe une place de choix ?

A.T. : C’est indispensable pour se maintenir et gagner de nouveaux marchés. Nous avons un laboratoire matériaux et concevons de nombreux développements spécifiques en partenariat avec des entreprises. C’est le cas avec Mapaéro, Safran sur la filtration d’air, Ratier Figeac pour la protection de pales…Nous trouvons des solutions « mousse »,  répondant à des problématiques complexes. En amont, nous sommes en lien avec les fournisseurs pour améliorer la transformation, obtenir des propriétés spécifiques…bref, être en veille sur les nouveaux matériaux.

EMP : Finalement, la mousse est partout. Elle est indétrônable ?

A.T. : Depuis son introduction en 1937, elle n’a fait que gagner du terrain pour un usage technique tous azimuts. On la retrouve dans les biomatériaux, dans le matériel de kiné, dans les calages de pièces, dans tous types de sièges…Si l’essentiel des commandes émane du  privé, nous avons gagné différents marchés publics, cela va de l’armée qui nous confie la maintenance des sièges hélicoptères aux collectivités locales devant protéger des œuvres d’art !

Par rapport à la concurrence, Celso se démarque avec ses 300 références, sa capacité à traiter  « les moutons à cinq pattes » sans oublier la proximité et réactivité. En moyenne, nos délais de livraison sont inférieurs à 48h. La notion de service est aussi importante, nous tenons du stock de consignation chez certains clients.

EMP : La transmission de l’entreprise est-elle d’actualité ?

A.T. : S’il est un peu tôt pour y songer, j’ai tout juste atteint la cinquantaine, je pourrai progressivement lever le pied dans la mesure où un de mes fils a exprimé le souhait de récupérer le témoin. Il a commencé son immersion au sein de Celso, ayant choisi d’effectuer son master en entreprenariat  (Kedge, Sup de Co Bordeaux) par la voie de l’alternance. La suite…sera une affaire de passion indispensable pour avancer dans notre métier.

Emma Bao

Diffusé le 30-09-2015

Encadré 1

En bref

-Effectif : 48 salariés

-CA 2014 : 8 M€

-Répartition du chiffre d’affaires : 30% aéronautique, 25% médical, 10% emballage technique, le reste généré par l’acoustique, le sport et loisirs, la PLV, l’industrie de manière générale.

Encadré 2

De nombreux engagements

Agnès Timbre est vice-présidente de la CCI de Montauban (section industrie), membre du Conseil Consultatif de la Banque de France. Elle est aussi membre du Conseil d’orientation et de surveillance de la Caisse d’Epargne de Midi-Pyrénées et Présidente de la Société locale d’épargne du Tarn-et-Garonne.

Elle est présidente de l’association ETGM (Entreprises de Tarn-et-Garonne en mouvement) qui regroupe 45 entreprises.

Elle fait aussi partie du club APM.

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