Pierre-Olivier Nau, président du Medef Haute-Garonne.
" C’est ce refrain lancinant chanté par Julien Clerc en 1978 qui vient à l’esprit des entrepreneurs ne parvenant pas à recruter depuis plusieurs mois.
Une forme d’incompréhension et de stupéfaction devant le peu de CV reçus, de candidats qui ne se présentent pas en entretien ou d’intérimaires sur les chantiers.
Le raccourci serait évidemment trop facile d’attribuer la faute au penchant humain pour l’oisiveté, au seul salaire éventuellement trop bas, au coût de déplacement trop élevé. C’est manifestement un mix plus complexe qui nous oblige, nous, chefs d’entreprises et managers, à questionner l’attractivité de nos entreprises.
En réponse, nous augmentons les salaires – +6% en moyenne dans le transport, +8% dans l’industrie, +15% dans la restauration, etc. – nécessairement avec une répercussion sur les prix, et donc l’inflation -; nous facilitons le télétravail, améliorons sensiblement la qualité de vie au bureau, améliorons les conditions de transport, avec le forfait mobilité durable, etc.
C’est une question plus profonde qui inquiète : que devient l’envie même de travailler ? Où est passée la vision du travail comme outil de lien social, de progression, de place dans la société ? Quel virage avons-nous à ce point raté – les 35 heures, le covid ? – pour qu’un tel fossé se creuse ?
La réforme de l’assurance chômage est certes indispensable, la nécessité de discussions équilibrées et approfondies sur les retraites est bien sûr certaine, mais c’est la place même du travail dans la vie de chacune et chacun qui doit revenir avec force et intelligence, comme objet de débats apaisés et non passionnés.
Tout le monde doit s’exprimer dans ces débats, d’abord au sein de l’entreprise. La loi Pacte propose tous les outils pour aborder facialement ces discussions, CSE et raison d’être en forment le cadre.
La solution viendra de l’entreprise elle-même, certainement pas des cabinets ministériels ou des commissions sénatoriales. Avec un défi supplémentaire : que pendant les travaux, les ventes continuent ! "